Histoires de vie, et de vies...
25 Août 2019
L'annonce a bruissé dans ma petite ville de bord de mer. Le murmure a enflé, a pris corps. C'est certifié, officiel : Olivier Linot s'en va.
Le second quitte le vaisseau, la mairie perd son chef d'équipe, son patron humaniste et engagé, dont la longue dégaine nerveuse fait depuis 20 ans tandem avec la silhouette penchée d'un maire toujours pressé.
20 ans de confiance réciproque, de suppléance sporadique, d'un refus commun de l'étiquetage, de bienveillance attentive, de belle générosité, et d'une propension certaine à bousculer le conformisme administratif, ce qui ne fait pas toujours les affaires de l'équipage!
20 années que ce piéton ailé, rapide, désinvolte, charmant et exigeant, souvent chaleureux comme un ami, parfois sévère -si peu- toujours encourageant, promène dans la ville et la mairie son visage de loup et ce pli au coin de l'œil, cette malice qui affleure, comme pour vous avertir que la dérision n'est jamais loin.
Toujours sur la brèche, Olivier essaie, cherche, invente, appuie là où c'est nécessaire. C'est un travailleur, un découvreur. Il aime les gens, il aime aider. A viser l'excellence. L'homme ne s'arrête pas. Jamais. Il œuvre, pour ma petite ville qu'il aide à s'élever, pour ses habitants, pour les membres de son équipe, soucieux qu'il est de leur permettre de déployer leur talent.
Cet homme-là, fait de charme, de générosité, de sensibilité, d'imagination, est un homme comme on a rarement la chance d'en rencontrer dans une carrière, à qui tant doivent parfois un peu, souvent beaucoup, qui a donné sa plus belle chance professionnelle à l'homme de ma vie comme à bien d'autres. Je l'ai dit plus haut, cet homme est un chef d'orchestre : comme un chef d'orchestre, il propose des projets mobilisateurs, transmets sa vision, son engagement, sa constance à mettre en place une intelligence collective.
Evidemment, il a parfois échoué. Il a été testé, contesté. Le conflit est inhérent à l'activité humaine, il le sait. Un chef doit mériter sa place. Il a amplement gagné la sienne, sans jamais lâcher, surtout quand la traversée fut tourmentée, plombée, entre autres vicissitudes, d'une tempête explosive, de deux inondations, et d'un incendie ravageur du symbole de cette petite ville de pêcheurs. La solidarité a fait son œuvre, il en est l'âme essentielle, lui qu'un élan naturel porte sans cesse vers l'humanité, et qui a su rassembler autour de cet élan.
A côté d'un homme comme celui-là, la vie est toujours de haut niveau, sans bassesse ni turpitudes. Lui vous dira que c'est normal, qu'il est là pour ça, qu'il essaie juste de faire au mieux. Il fait le job. Il change la vie. Il a changé ma ville, qui ne l'oubliera pas, car c'est aussi grâce à lui qu'elle a si bien grandi.
Ma petite ville et son équipage lui souhaitent du profond du cœur bonne vague et bon vent pour sa nouvelle vie. Et la petite Charlie a bien de la chance, qui hérite d'emblée d'un grand-père formidable.
C'est un homme de cœur, de caractère et de courage, un type épatant, un mec bien, une belle personne. Un homme extraordinaire, au sens où le chantait le groupe Les Innocents. Un grand homme. Un si grand homme, pour une si petite ville.
Il y mettait du temps, du talent et du cœur
Ainsi passait sa vie au milieu de nos heures
Et loin des beaux discours, des grandes théories
A sa tâche chaque jour, on pouvait dire de lui
Il changeait la vie...
Merci à Salomé pour la phrase clé, à Lise, Katia, Delphine et tant d'autres de m'avoir donné, parfois à l'insu de leur plein gré, leur vision de cet homme rare... Merci à J.J.G. d'illustrer si musicalement le quotidien. Merci à O.L. d'être ce qu'il est.
Athée, laïque, féministe assurée et romantique assumée, universaliste, républicaine, rieuse et mélancolique, résolument positive dans un monde dépressif, agitatrice de cervelle, gratteuse infatigable du vernis des humains pour voir ce qu'il y a dessous...
"Je ne fais effort ni pour qu'on m'aime ni pour qu'on me suive. J'écris pour que chacun fasse son compte." Jean Giono
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