Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Histoires de vie, et de vies...

Aidante... Quand la barque chavire...

Lequel disparaît en premier, de la vitalité, du courage ou de la joie? Peut-être les trois sont-ils inextricablement mêlés, la première naissant  du second qui nourrit la troisième... 

Chaque matin se lever et s'ensoleiller d'un sourire. Femme. Donc multiple. Toutes les femmes, partout, mères, filles, sœurs, amoureuses, actives, combatives, tout à la fois... et parfois, en plus, aidante. Roc.

Aimante cariatide qui ne baisse jamais les bras, même dépassée par la cadence du quotidien. Un quotidien qui s'encombre au fil des ans d'une longue liste de gestes à accomplir, de gestes intimes et nécessaires, de jour, de nuit, s'encombre d'objets, aussi.  Le sommeil  a des allures de puzzle. Alors, parfois, le rire s'ennuage, se tasse, se fane.

Et les plus s'accumulent, toujours plus, sur une seule paire d'épaules. Ce n'est pas normal, c'est illogique, ça casse les rêves, brise les élans, ça colle des semelles de plomb, ça entraîne vers le fond, dans un tourbillon fatal.

A trop charger la barque, écoper ne suffit plus. L'eau monte, la barque s'enfonce. Sensation d'impossible, épuisement, mal-être. Le roc s'effrite, le sourire s'efface, le soleil se fait ombre, la cariatide n'est plus que pilier à réparer. Abîmée de fatigue. Le courage lui est tombé des mains.

L'aidant(e) est souvent voué(e) à une certaine forme de solitude, et ce n'est la faute de personne. Les accès de misanthropie ne sont qu'une défense. Et puis c'est difficile de signifier sa fatigue, si tant est qu'on s'en rende compte. C'est difficile de dire sa faiblesse, au moment même où on la subit. Signe, peut-être, que subsiste un fond d'orgueil, mêlé de culpabilité, qui va permettre de tenir, alors même que plus rien ne tient.

Mais se redécouvrir deux, repartir à la connaissance de l'autre, l'aidé, l'admirable, lui qui n'a pas abandonné son courage en chemin, son formidable goût pour la vie, son visage mouvant, émouvant, son corps sur lequel s'inscrivent le tragique de la maladie, et la comédie du temps. Au cœur même de la douleur et de l'anéantissement, découvrir l'acceptation de soi, la rareté de l'autre, vieillir un peu, grandir encore. Regard, sourire, tendresse. Les êtres se rapprochent.  

Au cœur même de la vie imparfaite, la grâce subsiste. Et avec elle, l'amour.

Il n'y a pas d'amour qui  ne soit à douleur
Il n'y a pas d'amour dont ne soit meurtri

Il n'y a pas d'amour dont on ne soit flétri

(...)

Il n'y a pas d'amour qui ne vive de pleurs

Il n'y a pas d'amour heureux
Mais c'est notre amour à tous les deux
 
Louis Aragon

En couverture, tableau de Karl Hauk

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
À propos
La Baladine

Athée, laïque, féministe assurée et romantique assumée, universaliste, républicaine, rieuse et mélancolique, résolument positive dans un monde dépressif, agitatrice de cervelle, gratteuse infatigable du vernis des humains pour voir ce qu'il y a dessous... "Je ne fais effort ni pour qu'on m'aime ni pour qu'on me suive. J'écris pour que chacun fasse son compte." Jean Giono
Voir le profil de La Baladine sur le portail Overblog

Commenter cet article
M
J'ai le coeur serré de te lire, il me semble que c'est le rire qui part d'abord en premier...<br /> Le courage se lève chaque matin mais la douleur effrite toute vitalité pour l'un comme pour l'autre...<br /> Ton texte m'a bouleversé et je me dis que ce que tu vis sans doute, doit te briser le coeur
Répondre
L
Parfois... ♥
L
Votre amour à tous les deux...
Répondre
B
Parfois on lit et on n'a juste envie que de çà…. te lire profondément , mes mots seraient superflus , l'émotion me reste en lisant une grande partie de ta vie ...Je t'embrasse , je vous embrasse
Répondre
L
Ton émotion partagée me touche. Nous touche. Nous t'embrassons
M
Je viens de lire ce billet et le suivant.... Mes mots ne seront pas aussi brillants que les tiens... j’ai pensé à ma fillette qui a accompagné son amour jusqu’à la fin, mais aussi à ma belle mère que nous avons avec mon mari aidé et conforté... Merci de partager de si belle façon... Douces bises
Répondre
L
Les mots n'ont pas besoin de brillance, il suffit qu'ils soient porteurs de vérité, d'humanité. Comme les tiens.<br /> Bises♥
N
Ciel Balade que tu écris bien ! Et comme tu décris bien, la faille, la force, la douleur, le courage et l'amour, sans misérabilisme ni plainte (non), comme un fardeau qu'on porte avec sa vérité. J'ai toujours eu une grande admiration pour toi, qui es DEBOUT, qui ne parle jamais la haine ou la défaite : comment fais-tu donc dans ce monde ? Je te serre dans mes bras.
Répondre
L
Eh bien, je trouve ce monde bien plus joli que ce que beaucoup trop ces temps-ci tendent à nous décrire. Même s'il est aussi truffé de choses ignobles... Tout comme je suis truffée de vilains défauts ;-)<br /> Et puis quand je regarde tes photos, je vois bien que je ne suis pas la seule à regarder les jolies choses :-) ♥
L
Je ne peux que souscrire une fois de plus à ce joli texte. Tu as toujours dans le lot au moins un commentaire d'une personne qui n'a rien compris, c'est toujours le même refrain "that's life". My love TVBAAAAAAAAA.
Répondre
B
Etre aidant est une épreuve, et en même temps comme un cadeau car le regard s'aiguise devant le quotidien pour ne retenir que l'essentiel. Il ne faut pas oublier de se faire aider car il faut tenir, parfois, très longtemps.<br /> Je vous embrasse.
Répondre
L
La première phrase est d'une justesse saisissante. La seconde toute aussi vraie.<br /> Merci. Bisou ♥
X
Un texte qui remue ! Qui explique le précédent, dont je subodorais le sujet... Porter une telle charge demande parfois de faire une pause, ne pas sombrer, recharger les batteries. Je connais au moins une personne dans ce cas de figure : Ma sœur N..... en est une.
Répondre
L
Ne pas s'oublier, c'est essentiel, mais pas si simple... Et, dans le cas d'un compagnon dépendant, réinventer son couple, déplacer son regard, retrouver un équilibre... Le basculement est terrible, mais à deux, on fait tant de choses quand chacun y met du sien!<br /> Si elle peut compter sur ses proches (sur toi je n'en doute pas), c'est précieux :-)<br /> ♥
L
On fait tous des erreurs d'appréciation quant à nos forces.<br /> Et quel que soit l'amour qu'on porte à quelqu'un, il arrive que la tâche à accomplir pour le soutenir soit au dessus de nos forces.<br /> Ce n'est pas juste mais le monde n'est pas juste.<br /> Il faut juste faire face et bien souvent, la pression des événements nous y aide.<br /> Il n'y a pas de coupable.<br /> Hélas, pour beaucoup il semblerait que s'il n'y a pas de coupable, il reste des juges.<br /> Tu dis très bien les choses.<br /> Ne les laisse pas t'envahir au point d'être noyée.<br /> Ce qui te frappe est injuste, plus encore pour celui que tu aimes et qui a bien du mérite à ne pas lâcher prise.<br /> Et dis toi que ça frappe indistinctement, la femme, l'homme, l'enfant, la vieille, la jeune, le vieux, le jeune.<br /> C'est la chose qui est injuste.<br /> Pas celles ni ceux qui la subissent ou qui aident à la supporter.<br /> Elles et eux se contentent de ne pas démériter grâce à leur courage.
Répondre
L
Non, les 11 millions englobent tout le monde, ceux qui s'occupent d'un parent, d'un enfant, d'un conjoint, d'un frère etc. Je n'oublie personne et sais qu'il y a des situations pires que la mienne. Merci.
L
"Les aidants"... Nous en faisons tous partie à un moment ou un autre.<br /> Evidemment, il y a toujours le proche qui s'enfuit, effrayé, paniqué par le malheur.<br /> Je suppose qu'on s'enfuit plus par peur que par égoïsme du moins je l'espère.<br /> Sinon on le fait non parce que ça plaît ou qu'on est investi d'une mission quelconque.<br /> On le fait seulement parce qu'il faut le faire, parce que les épreuves arrivent et qu'il faut les affronter et les surmonter.<br /> Il y a les "aidants" qui vont soutenir des handicapés sur une longue période, tu dis qu'il y en a 11 millions.<br /> Nous devons évidemment tous penser à eux mais aussi à tous les autres, ceux qui ont à soutenir une mère ou un père au bout du rouleau de la vie quand ça se passe mal, un parent qui perd la boule, la ou le proche qui est bouffé par un crabe, une SLA, etc.<br /> De façon aussi neutre que toi, je me demande si on ne peut pas multiplier par deux ou trois ce nombre de 11 millions.<br /> Combien d'aidants, que ce soit pour une longue période ou quelques mois ?<br /> Je ne sais combien d'adultes doivent le faire sur les 50 millions de Français entre 20 et 60 ans en 2018.<br /> Je vais te dire : Le pire, hélas, c'est quand la mort de celle ou celui que tu soutiens est un soulagement et non une peine.<br /> C'est une expérience détestable et dévastatrice.<br /> Bref...
L
Onze millions d'aidants en France, et quasiment autant de situations différentes les unes des autres. Je sais bien que je ne suis pas la seule, et que ça tombe indistinctement de l'âge, du sexe et de la condition sociale.<br /> J'apporte juste mon témoignage. J'ai essayé de le faire aussi simplement, aussi platement que possible.
P
Il est fort bien écrit ce texte. Pudique et puissant. Tu le termines sur une note "positive", parlant de grâce et d'amour...<br /> <br /> Je ne peux m'empêcher de penser à ceux qui vivent le même genre de situation mais pour qui la grâce et l'amour ne sont pas suffisamment puissants pour éviter que l'aidant, par lassitude, épuisement, en viennent aussi à devenir... maltraitant. Parce que le corps à des limites que le dévouement ne saurait dépasser. Quand prendre soin de l'autre devient aliénation mais que la force du lien empêche de prendre la juste distance. Par devoir, par culpabilité, par besoin de l'autre. Quand vieillir ensemble, au delà de la beauté (?) de la durabilité de l'amour (?), devient peu à peu un petit enfer inextricable. Une réclusion conjugale avec pour seule issue la perte de l'autre et la solitude, plus cruelle encore. « Celui des deux qui reste se retrouve en enfer »<br /> <br /> Mais ce n'est pas ce que tu vis et je ne peux que me joindre à celles et ceux qui, par la pensée et quelques mots, t'apportent de loin leur soutien.
Répondre
L
Je vois ce que tu veux dire... Pour ma part, j'ai plutôt tendance à penser que l'âge ne fait rien à l'affaire. Si on ne se sent plus capable d'accompagner la personne malade ou affaiblie, on délègue. Toutes les structures existent. Mais maltraiter, non, ça reste une perversion.<br /> Rien ne l'excuse ni ne le justifie. Chacun(e) est responsable de ses actes.<br /> <br /> Bises
P
On peut faire du mal sans ce ne soit sciemment. Plutôt par incapacité à faire face, à assurer le quotidien... et en accablant alors l'autre, inconsciemment, de mettre face à cet échec.<br /> Je pensais aux aidants âgés, voire très âgés, qui prennent soin (plus ou moins bien) d'un conjoint malade ou très affaibli, psychiquement et/ou physiquement.<br /> Dans ces conditions je pense que "l'amour" ne répond plus vraiment à l'idée qu'on peut s'en faire entre personnes valides de corps et d'esprit. Et , d'une certaine façon, je me demande si ça ne rejoint pas ce rapport "parent-enfant" dont tu parles, car le vieillard, d'une certaine façon, retombe en enfance.<br /> <br /> Bises
L
J'ai souvent été amenée à dire que je ne portais aucun jugement sur celles ou ceux qui partent, quittent leur conjoint atteint d'une quelconque maladie grave et/ou invalidante, tant je sais ce que ça représente d'obstacles à surmonter, et, surtout, à surmonter à deux.<br /> Par contre, rester et faire sciemment du mal, malmener, tourmenter, humilier, salir que sais-je encore, non, je dis non. Ce n'est pas de l'amour qui se transforme, c'est un amour qui n'a jamais existé, qui n'était qu'illusion, simulacre. Et quand on s'en aperçoit, ce n'est pas à l'autre qu'il faut le faire payer, surtout s'il est en situation de faiblesse. Il n'est pas de devoir qui tienne. C'est une question de dignité personnelle tout autant que de dignité de l'autre. Quelqu'un qu'on aime, on en prend soin, on le regarde, on le découvre dans tous ses états, la joie, le plaisir, et le malheur aussi, et parfois la dépendance. Soit on cesse de l'aimer, de l'admirer, pour des raisons qui n'appartiennent qu'à soi, et on s'en va. Soit on trouve toujours un angle qui fait qu'on est en admiration, en amour, en désir de cette personne-là, et la question de rester et de prendre soin ne se pose pas. Ça ne rend pas la chose facile, mais les paliers se franchissent, un à un, mais toujours à deux. :-)<br /> <br /> Franchement, les aidants à qui je pense, et dont je suis heureuse de ne pas être, sont et ceux qui sont confrontés à la dépendance de leur enfant. Là, la culpabilité a toute raison d'être, même si elle doit évidemment être combattue, écartée, mais vraiment, pour moi, l'enfer est bien celui-là.<br /> <br /> ♥
C
chère Baladine<br /> Dans notre cas, c'est plutôt moi qui ai besoin d'un aidant!<br /> Et mon compagnon l'est du mieux qu'il peut<br /> Mais ce n'est facile ni pour l'un, ni pour l'autre<br /> J'ai perdu 50% de ma mobilité, je ne conduis pas<br /> Lui, tout en gardant le max de d'activités personnelles, (entre autre de marcher!) a le souci de moi. C'est uniquement la tendresse l'un pour l'autre qui nous fait agir ainsi!<br /> Et nous nous sentons bien avec ça, même si bcp de renoncements!<br /> Il semble que dans ton couple la même tendresse circule. Heureusement, sinon où trouverais-tu les courage de faire face. Parce que ce n'est pas UNE fois seulement, ou un bref instant, mais toujours, toujours! et encore..;<br /> Courage à toi. Je t'embrasse
Répondre
L
@Ambre , alors, quand tu veux répondre à quelqu'un, tu cliques sur le Répondre situé à droite du nom de la personne à qui tu veux répondre, ou du message d'origine s'il s'agit d'une conversation ;-) (je sais, la conversation se fait à l'envers, c'est totalement illogique, mais manifestement il ne leur est pas encore venu à l'idée de faire autrement sur cette plateforme).<br /> Je ne suis pas du tout certaine d'être admirable. Je tiens bon parce que j'aime cet homme, et qu'il ne cesse de me prouver que j'ai raison de l'aimer, quoi qu'il lui arrive. Certes, ça ne rend pas les choses faciles, mais ça les facilite quand même :-)
A
Bonjour Sylvie<br /> je ne sais pas où ma "réponse" va se placer.<br /> Je lis la tienne à Pierre, je t'admire.<br /> Je lis la tienne à Coum', je t'admire.<br /> Ce que tu exprimes est tellement vrai!<br /> ce que tu dis à Pierre<br /> "Ce n'est pas de l'amour qui se transforme, c'est un amour qui n'a jamais existé, qui n'était qu'illusion, simulacre." en parlant de la maltraitance, sujet ô combien d'actualité :-(
L
Tu as raison, sans tendresse, amour, attachement profond, et, j'insiste, admiration, rien n'est possible. Mon paladin est à moins 80% de mobilité... et, comme tu le soulignes, c'est sans répit. Mais l'amour et le soin que chacun porte à l'autre permet de tout surmonter. Et punaise, ce que la vie est belle!<br /> Je t'embrasse en retour, toi l'aidée sans qui ton aidant serait un peu moins lui-même♥
P
"Pour le meilleur et pour le pire"... <br /> Parfois la répartition de l'un et de l'autre est bien mal équilibrée, et parfois il est difficile aussi de savoir quel est l'un et quel est l'autre... Peut être que votre pire est parfois aussi votre meilleur. <br /> Pour la vitalité, le courage et la joie, ils sont je crois déterminés avant tout par l'amour, et j'ai l'impression que vous n'en manquez ni l'un ni l'autre. <br /> Mais oui, être une aidante en plus d'une amoureuse doit être terriblement difficile, l'équilibre ne se fait pas comme il le devrait. Et il faut tenir jour après jour. Au delà de la fatigue et sans doute du découragement de tout ce poids à porter. <br /> Pas de conseil non plus, seulement des pensées douces pour t'accompagner, et l'espoir que l'équilibre se fera, se refera, dune manière ou d'une autre...
Répondre
L
Bien sûr c'est difficile, une maladie évolutive fait qu'il y a des caps à franchir... Et il arrive que cette traversée soit houleuse. Ce qui est sûr, c'est qu'on sort de ces "tempêtes" avec un goût toujours un peu plus puissant pour la vie, et une admiration sans faille pour l'autre. Dans un équilibre retrouvé, comme tu le décris très bien. Nous y sommes.<br /> Merci ♥
P
Comme il est difficile de trouver les mots pour exprimer sa sympathie... C'est déjà parfois si difficile avec un proche... Alors via écrans interposés, quand on connaît si peu de nos vies intimes, alors même que nous écrivons pourtant des choses intimes... Je devine entre les mots - rares et précis - qu'il y a quelque chose de difficile qui requiert toute ton énergie... Touchée, je voudrais t'en communiquer un peu de cette énergie, ou tout au moins, l'expression de ma sympathie - sincère. Bref... Des bonnes ondes. Et effectivement, l'espoir que celle qui aide puisse aussi être aidée...
Répondre
A
Pivoine, c'est vrai ce que dit notre hôte, tu ne t'exprimes pas forcément souvent ni beaucoup mais tu le fais toujours très juste :-)
A
Là je viens de lire ta réponse à Sophie.<br /> Je trouve que c'est BIEN que tu sois venue poser ici ces mots. Le plus difficile quand on est "de ce côté" c'est de penser à penser un peu à soi... malgré tous les malgré.
L
Tu le fais très bien. :-) ♥
A
Ton texte me touche beaucoup. Je voulais surtout te dire cela. Une forme de proximité du cœur et de l'âme.<br /> Je n'ai pas de conseil à te donner du style « il faudrait que — tu dois », ton texte montre suffisamment ta lucidité, et ton corps envoie les signaux d'alarme indispensables. Quand écoper relève de l'impossible, ce serait bien dommage de regarder la barque couler.<br /> <br /> Je connais, et notre couple également, les épisodes que tu évoques. J'aime beaucoup ma compagne de vie lorsqu'elle dit : — « On est toujours plus fort à deux, toujours ». Et la force du faible physiquement agit par osmose. Et en plus il faut ajouter qu'il y a réciprocité.<br /> <br /> Ta dernière phrase : « la grâce subsiste et avec elle amour » brille comme un phare dans le brouillard. C'est parce que la vie est imparfaite par nature que la grâce se fait surabondante. Parce que la vie est appelée à triompher. Toujours.
Répondre
L
Je sais que tu sais. Je me doute de ce qu'est votre vécu. <br /> Ta compagne de vie est admirable, mais ça aussi je sais que tu le sais.<br /> <br /> Oui, "la vie est imparfaite par nature", et c'est ce qui nous amène à savourer la plus petite chose, au moment où elle passe. Cette toute petite chose qui passe beaucoup plus souvent que beaucoup ne le pensent... <br /> <br /> Vive la vie ♥♥♥
G
Que de bienveillance, d'amour et de richesse en vous, que d'abnégation. On vous sent si forte et si fragile à la fois.<br /> Que dire face à ce que vous vivez, que nous sommes en empathie la plus totale.<br /> Mais je ne peux m'empêcher d'avoir une pensée pour la personne "aidée" qui a "appris l'art de perdre". <br /> Bises à vous.
Répondre
A
Alain "Et la force du faible physiquement agit par osmose."<br /> J'adore cette phrase!<br /> en plus c'est valable "mentalement" aussi...<br /> <br /> en revanche mes comms se placent n'importe où! ;-)
L
Oui, vous avez raison, il est magnifique, cet homme-là, qui est contraint de vivre ce qu'il y a de plus difficile à vivre sans jamais baisser sa garde, sans jamais abandonner...<br /> Je suis en admiration totale, et c'est fou ce que ça alimente l'amour!<br /> Bises à vous aussi.
M
Chant de femmes épuisées...mais que dire...<br /> Quelqu'un m'a dit,un homme à la retraite est en vacances, une femme est vraiment en retraite que dans une maison de retraite...Cette phrase ne me quitte plus, c'est horrible
Répondre
A
"il est magnifique, cet homme-là, qui est contraint de vivre ce qu'il y a de plus difficile à vivre sans jamais baisser sa garde, sans jamais abandonner..."<br /> Quelle phrase merveilleuse, quelle nourriture d'amour dans ces mots!
L
Bon, alors une femme en retraite n'est pas une femme inactive, d'accord, et c'est peut-être aussi pour ça qu'elles vivent plus longtemps ;-) Il n'est rien de pire que l'inactivité. Entre en faire trop et ne rien faire, il y a un juste milieu, qu'il nous appartient de trouver. <br /> Et j'espère que tu vas oublier cette phrase très moche et très bête. Il y a aussi des tas d'hommes qui prennent leur part de charge mentale, hein! Et il y en aura de plus en plus!<br /> :-)
D
Je lis, je lis encore et ne sais comment écrire ce commentaire. Aider jusqu'à s'épuiser soi-même et s'en rendre compte presque quand il est trop tard. Mais il y a ce courage, toujours tapi là, tout au fond, qui ne demande qu'à ressurgir, un jour, un jour après l'autre, pour toujours. Tu es une femme forte et fragile à la fois mais dans cette fragilité que je décèle aujourd'hui, je sens, confusément, cet amour indéfectible de la vie. Bises alpines émues.
Répondre
L
Fortes et fragiles, nous le sommes toutes, du moins la plupart d'entre nous! Les hommes aussi d'ailleurs, mais beaucoup ne le savent pas encore, ou essaient de se persuader du contraire ;-)<br /> Oh oui je l'aime la vie, et lui aussi! Et même notre vie commune, même si elle nous en fait baver des ronds de chapeau!<br /> ♥
E
L'amour peut être grand, il souffre fort aussi. Il s'en veut d'avoir besoin d'admettre qu'il souffre, qu'il a l'air de moins aimer, il vit sur les montées pénibles qui alternent avec les chutes vertigineuses, et le simple fait que tout ça lui fait mal est aussi la preuve qu'il reste là, bien là, farouchement fidèle et présent. <br /> <br /> C'est un amour-labeur, un de ces amours qui se prouve tous les jours. Mais c'est loin d'être facile, et loin d'être un amour de cinéma, dont l'élan est cinéma lui aussi... <br /> <br /> Bisous!
Répondre
L
Quelle magnifique description de l'amour!<br /> <br /> "Amour labeur" et découverte perpétuelle aussi... tu as raison, le cinéma lisse, simplifie, élève l'amour au rang d'accomplissement, sans suffisamment évoquer la matérialité...<br /> <br /> Bizôssi!
A
Ton texte est incroyable de justesse. Il sort des tripes, comme si souvent tes mots. Beaucoup de femmes vont s'y reconnaître, et c'est aussi pour cela qu'il est si touchant.<br /> Merci, Sylvie.
Répondre
L
Tu es un chou... J'ai juste, comme je le dis à Célestine, essayé de rendre compte. Apporter mon petit témoignage.<br /> Merci ♥
C
Ton texte laisse sans voix. Il est la preuve éclatante de ce que nous évoquions sur mon dernier billet : les chants désespérés sont décidément plus beaux, ils ont une beauté tragique, une force subjuguante.<br /> On ne peut mesurer ce que tu endures qu'à l'aune de tes mots. Epuisement, découragement, et pour celui qui te lit, impuissance à pouvoir soulager la souffrance. Nous assistons, muets d'effroi, à ton combat de petit David fatigué contre un Goliath énergivore qui lamine sans cesse tes efforts. Ce monstre polycéphale qui semble ne jamais renoncer.<br /> On essaie de comprendre, surtout si l'on est en empathie, mais bien sûr on ne le vit pas, et donc le sentiment d'imposture, d'illégitimité naissent de cette impossibilité : on ne peut pas comprendre.<br /> On ne peut qu'assister à ce naufrage dont tu parlais déjà l y a quelques semaines, reprenant le thème de l'embarcation qui prend l'eau. Jusqu'à l'illustration musicale, il n'y a pas d'amour heureux...eh oui, on ne le sait que trop, que « le bonheur, c'est du chagrin qui se repose »...Tu comprends pourquoi je prends ce que la vie m'offre enfin...<br /> On ne peut alors que t'assurer maladroitement de notre soutien, même si ces mots semblent bien dérisoires devant le glaive d'acier qui pourfend ta vie. Se demander si quelque chose peut être mis en place pour « aider les aidants » qui restent des êtres humains malgré tout. Chercher sur le net. Trouver en se demandant ce que tu en penseras, si ce n'est pas un coup d'épée dans l'eau noire de l'aquoibon...<br /> Y croire, pourtant. http://aidesauxaidants.fr/<br /> Et s'émerveiller que malgré tout, ton billet se termine sur une très belle note d'espoir. <br /> Bisous d'émotion<br />  •.¸¸.•*`*•.¸¸☆
Répondre
L
Je ne crois sincèrement pas que ce soit une question de beauté du texte. C'est plutôt le résultat d'une imprégnation culturelle, qui fait que le tragique devrait être fatalement plus profond, plus touchant que le bonheur. Ce n'est pas vrai; La seule chose vraie, à mon sens du moins, c'est que le malheur qui touche les autres, on perçoit qu'il pourrait nous toucher aussi, un jour, et ça, ça nous affecte immédiatement. Peut-être faudrait-il se pencher sur la cause qui fait qu'on se sent plus perméable au malheur qu'au bonheur? <br /> <br /> J'ai pour autant essayé de ne pas verser dans le tragique, mais de rendre compte, simplement... d'expliquer l'avant-dernier billet et le silence qui s'est ensuivi. Décrire une parenthèse désenchantée et l'apprentissage qu'on en retire, une force jusqu'alors inconnue, un sens très profond de ce qu'est le soin, la solidarité, la réciprocité. Un visage de l'amour fondé d'une admiration mutuelle, sans cesse croissante...<br /> <br /> Pour le poème mis en chanson, Aragon avait ouvert très grand la porte des interprétations. J'ai toujours aimé ces vers, parce qu'il m'a toujours semblé qu'aimer était la chose la plus difficile au monde. Aimer dans la durée. Dans l'autre, ne pas chercher le comblement d'un manque, une réparation narcissique quelconque, juste aller à sa découverte... La découverte de l'autre n'a pas de fin, et en apprend tant sur soi-même!<br /> <br /> Merci pour tes recherches. Il se fait de plus en plus de choses positives dans ce domaine, et ça s'est même accéléré ces toutes dernières années, mais nous partons de si loin! Nous sommes déjà très aidés, en France...<br /> <br /> ♥