Histoires de vie, et de vies...
1 Mai 2019
Lequel disparaît en premier, de la vitalité, du courage ou de la joie? Peut-être les trois sont-ils inextricablement mêlés, la première naissant du second qui nourrit la troisième...
Chaque matin se lever et s'ensoleiller d'un sourire. Femme. Donc multiple. Toutes les femmes, partout, mères, filles, sœurs, amoureuses, actives, combatives, tout à la fois... et parfois, en plus, aidante. Roc.
Aimante cariatide qui ne baisse jamais les bras, même dépassée par la cadence du quotidien. Un quotidien qui s'encombre au fil des ans d'une longue liste de gestes à accomplir, de gestes intimes et nécessaires, de jour, de nuit, s'encombre d'objets, aussi. Le sommeil a des allures de puzzle. Alors, parfois, le rire s'ennuage, se tasse, se fane.
Et les plus s'accumulent, toujours plus, sur une seule paire d'épaules. Ce n'est pas normal, c'est illogique, ça casse les rêves, brise les élans, ça colle des semelles de plomb, ça entraîne vers le fond, dans un tourbillon fatal.
A trop charger la barque, écoper ne suffit plus. L'eau monte, la barque s'enfonce. Sensation d'impossible, épuisement, mal-être. Le roc s'effrite, le sourire s'efface, le soleil se fait ombre, la cariatide n'est plus que pilier à réparer. Abîmée de fatigue. Le courage lui est tombé des mains.
L'aidant(e) est souvent voué(e) à une certaine forme de solitude, et ce n'est la faute de personne. Les accès de misanthropie ne sont qu'une défense. Et puis c'est difficile de signifier sa fatigue, si tant est qu'on s'en rende compte. C'est difficile de dire sa faiblesse, au moment même où on la subit. Signe, peut-être, que subsiste un fond d'orgueil, mêlé de culpabilité, qui va permettre de tenir, alors même que plus rien ne tient.
Mais se redécouvrir deux, repartir à la connaissance de l'autre, l'aidé, l'admirable, lui qui n'a pas abandonné son courage en chemin, son formidable goût pour la vie, son visage mouvant, émouvant, son corps sur lequel s'inscrivent le tragique de la maladie, et la comédie du temps. Au cœur même de la douleur et de l'anéantissement, découvrir l'acceptation de soi, la rareté de l'autre, vieillir un peu, grandir encore. Regard, sourire, tendresse. Les êtres se rapprochent.
Au cœur même de la vie imparfaite, la grâce subsiste. Et avec elle, l'amour.
Il n'y a pas d'amour qui ne soit à douleur
Il n'y a pas d'amour dont ne soit meurtri
Il n'y a pas d'amour dont on ne soit flétri
(...)
En couverture, tableau de Karl Hauk
Athée, laïque, féministe assurée et romantique assumée, universaliste, républicaine, rieuse et mélancolique, résolument positive dans un monde dépressif, agitatrice de cervelle, gratteuse infatigable du vernis des humains pour voir ce qu'il y a dessous...
"Je ne fais effort ni pour qu'on m'aime ni pour qu'on me suive. J'écris pour que chacun fasse son compte." Jean Giono
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