Histoires de vie, et de vies...
7 Mai 2019
Focus pour mise au point. Au cas où.
Si jamais j'ai donné dans mon précédent billet le sentiment d'émettre une quelconque plainte, c'est que j'ai raté mon but, qui était de décrire aussi simplement et sincèrement que possible ce que peut être le quotidien d'une aidante, qu'une seule lettre sépare de l'aimante, et qui a dû apprendre à faire cohabiter les deux en elle sans que l'une ne mange l'autre.
Evidemment, il n'était pas question de rentrer dans les détails pratiques, qui ne regardent que lui et moi. Mais de rendre compte, d'expliquer l'énergie dévorée, les accès de fatigue, les phases de silence... Faire toucher du doigt aussi l'idée que peut-être, sans doute, chacun(e) d'entre vous côtoie, parfois sans le savoir, quelqu'un dans un cas similaire, quelqu'un qui n'en parle pas plus que ça, ou avec juste assez de légèreté pour que vous ne mesuriez pas les kilos de plomb qui pèsent sur ses épaules. C'est très souvent une femme, mais ça peut être un homme. Quelqu'un qui prend en charge, quotidiennement, la dépendance d'un proche, une mère un père un grand-parent un conjoint un enfant un frère une sœur. Quelqu'un de votre entourage familial, amical ou professionnel, qui n'est plus toujours disponible pour un verre, un déjeuner ou une sortie, qui est souvent fatigué sans crier gare, ou plus désabusé que de raison. Qui se concentre un peu moins bien, un peu moins longtemps, qui oublie souvent ci ou ça, qui se met à toujours traîner quelque chose, un rhume, une douleur, quelque chose d'à la fois sourd et lancinant. Qui est sujet à des sautes d'humeur, aussi soudaines qu'inexpliquées.Ce sont juste des signes d'épuisement.
C'est difficile pour l'aidé(e), c'est difficile pour l'aidant(e). Pour autant un cas ne ressemble jamais à un autre. Et que l'aidé soit l'être aimé, celui avec lequel on a choisi d'accomplir le compagnonnage d'une vie, celui qu'on admire, qu'on découvre, qu'on redécouvre sans cesse, dans des situations que personne n'a envie d'envisager, dont personne n'a envie d'entendre parler, que ce soit cet être là à qui il arrive cette chose là, je vous prie de me croire sur parole, ça ne facilite pas l'affaire. Etre l'accompagnante, l'aide-soignante le taxi l'infirmière j'en passe et des pires, et aussi, surtout, l'amoureuse la compagne l'épouse l'amante, être à la fois tout ça en même temps et tour à tour, jour et nuit comme nuit et jour, c'est une chose qui ne se conçoit pas tant qu'on ne la vit pas. Je ne peux parler qu'en mon nom, même si nous sommes des millions. Mais je vous le dis, je vous l'affirme, par delà la fatigue et les douleurs, les coups de gueule (bienfaisants car ils rappellent qu'on est aussi un couple ordinaire) et les coups de blues, je le fais par amour, par obstination d'amour, en m'acharnant à y puiser le meilleur, et en m'émerveillant de m'y enrichir chaque jour. Surtout pas par devoir. Je déteste les devoirs, tous les devoirs. Le désir est mon moteur, et je vous souhaite à tous et toutes de n'avoir que celui-là, tant il révèle en soi-même de choses précieuses, de curiosité de l'autre, et d'ouverture au monde.
J'y ai aussi appris que le monde regorge de personnes formidables, vous m'en avez donné une fois de plus donné la preuve dans vos commentaires pour la plupart extraordinairement pudiques, bienveillants et positifs, et à vous et à celles et ceux qui me lisent en silence, ainsi qu'à ma Val que j'aime si fort je veux dire, parce que je le pense très profondément:
Athée, laïque, féministe assurée et romantique assumée, universaliste, républicaine, rieuse et mélancolique, résolument positive dans un monde dépressif, agitatrice de cervelle, gratteuse infatigable du vernis des humains pour voir ce qu'il y a dessous...
"Je ne fais effort ni pour qu'on m'aime ni pour qu'on me suive. J'écris pour que chacun fasse son compte." Jean Giono
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