Histoires de vie, et de vies...
9 Août 2016
Je vous ferai d'ici peu un portrait du Paladin, promis, mais pour le moment, il vous suffit de savoir qu'il est très beau, et bien cabossé (non, ce n'est pas une faute de frappe). Déjà, quand je l'ai rencontré, la vie s'était ingéniée à lui filer plus de coups que de caresses, mais ça ne se voyait pas. Enfin, tout le monde ne le voyait pas...
On s'est rencontré, on s'est aimé, ça a tout de suite été immense, lumineux, une évidence, la vie devenue... exacte. C'était bon, c'était beau, c'était le bonheur, et une certaine forme d'insouciance.
Tout le monde traverse des épreuves douloureuses, seul ou à deux. Perdre son emploi. Perdre son amour. Perdre un proche. L'accident, le diagnostic d'une maladie, le "grain de sable" qui bouleverse tout en une fraction de seconde. Ces moments-là font partie de la vie, ils s'abattent sur nous, un jour, c'est le lot de chacun. La question est: que se passe-t-il ensuite? Comment fait-on pour surmonter l'adversité? Il faut savoir une chose essentielle : les jours heureux sont faciles à vivre, ce sont les jours difficiles, ceux qui vous broient le coeur et les os, qui nous définissent. Et la façon dont on y résiste, dont on les digère, dont on les surmonte, c'est ce qui nous construit.
Sclérose en plaques, forme primaire progressive. Pan! Le Paladin ne fait pas dans la demi-mesure...
Lui et moi, on a résisté, autant qu’on a pu, et même plus, on s’est battu, pied à pied, côte à côte, même si parfois on s’est battu l’un contre l’autre. Parce qu'évidemment, c'est difficile; des premiers troubles de la marche au fauteuil roulant, il s'est écoulé à peine quelques années... Evidemment la vie ne sera jamais pareille à celle, si facile, du temps de l'insouciance. Bon. D'accord, il ne va pas mourir, c'est une grâce qui nous est accordée. Mais il ne va pas guérir.
Alors, comment surmonter l'obstacle?
Le Paladin est resté actif, il travaille, c'est un Paladin, un vrai, et je suis devenue aidante multiface, une manière de sherpa (c'est lui qui le dit), aide inestimable (toujours de son avis à lui), infatigable ou presque même dans les pires conditions, de philosophie tendance vaguement bouddhiste, au tempérament enjoué et rieur. Le plus casse-gueule? Rester un couple, garder sa part de désir, de mordant. L'essentiel? Aller dans le sens de la vie, toujours, cultiver la ferveur, l'ardeur à vivre, le traiter comme un homme debout, n'en déplaise à certains, et faire un pied-de-nez aux préjugés blessants.
Parce que... Il y a les autres, aussi, les autres, c’est difficile, on n’a pas envie de leur faire porter le poids de ses angoisses ou de son chagrin, alors on sourit, et au fond, on sent bien que ça les arrange... Quand on refuse la compassion et l'apitoiement, les autres ne savent plus quoi faire... Famille, amis, beaucoup dérapent (pas tous, mais beaucoup), avec beaucoup (ou pas) de précautionneuse bonne volonté : les politesses qui tournent à la bourde, les conseils qui tombent à plat, quand ce n'est pas à côté; les "on ne va pas te laisser tomber" et les "on ne va pas te déranger". Et puis tous ceux qui vous quittent, vous zappent comme un programme télé qui ne répond plus à leurs attentes, pris par on ne sait quelle peur, gêne, honte, ou pire, par pure désinvolture. Peu importe, tout ce dont on est certain, c'est l'étonnante vitesse à laquelle ils ont disparu. Autant de relations brisées qui vous brisent et ne se répareront jamais.
A suivre...
Athée, laïque, féministe assurée et romantique assumée, universaliste, républicaine, rieuse et mélancolique, résolument positive dans un monde dépressif, agitatrice de cervelle, gratteuse infatigable du vernis des humains pour voir ce qu'il y a dessous...
"Je ne fais effort ni pour qu'on m'aime ni pour qu'on me suive. J'écris pour que chacun fasse son compte." Jean Giono
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