Histoires de vie, et de vies...
8 Août 2017
En réalité ce sont des séances de rattrapage. C'est un des inconvénients de la campagne de bord de mer, peu de salles, et surtout pas d'accessibilité, ou quasi tout comme. Bref, peu importe, nous en avons loupé quelques uns et tentons de réparer notre retard, ce début août trop frais, un rien maussade, se prêtant admirablement aux soirées cinéma. Bien nous en a pris, trois joyaux sont venus nous rappeler que le beau, le grand cinéma, et bien, c'est vraiment formidable! Avec pour point commun, je m'en rends compte en vous en parlant, un sentiment universel, celui du deuil.
FRANTZ de François Ozon
François Ozon, on le sait, est un homme qui aime filmer les femmes, et dans "Frantz" plus encore qu'ailleurs, ça éclate comme une évidence. Pierre Niney, physique idéal pour le rôle et jeu toujours juste, s'efface devant l'héroïne, victime des absurdités de la guerre qui renaît lentement à la vie. Sur le visage de l'actrice Paula Beer, on voit, littéralement, les émotions passer comme on voit passer les nuages dans le ciel. Métamorphose d'une jeune fille, étouffée par le poids du deuil et des conventions, en femme libre... Le deuil difficile.
ARRIVAL de Denis Villeneuve
Oubliez tout ce que vous connaissez sur la SF, ignorez le titre français, qui ne colle pas, évitez la bande annonce totalement trompeuse. Ce film a quelque chose d'onirique, un côté contemplatif qui relève presque de la métaphysique, amorce les réflexions, les spéculations en abondance... Un film réversible, "en palindrome", les boucles du temps, l'ouverture au monde, le partage de la connaissance, la liberté. Lumière admirable. Et l'incommensurable tristesse qui inonde parfois le beau regard d'Amy Adams... Le deuil sans fin.
MANCHESTER BY THE SEA de Kenneth Lonergan
ATTENTION CHEF-D'OEUVRE!!! Et je pèse mes mots, n'allez pas croire!
Ce film vous empoigne, vous ébranle, vous chavire et ne vous lâchera pas de sitôt, autant vous le dire. Lent, sublime et âpre, comme la photographie, comme la bande musicale. Des acteurs tous éblouissants, Michelle Williams évidemment, touchante, émouvante, mais, avant tout, Casey Affleck, inouï, poignant, totalement habité par l'insondable douleur de son personnage. Grâce à lui, l'émotion qui traverse le film nous étreint et nous bouleverse un peu plus à chaque seconde, et pourtant jamais, jamais on n'est dans le pathos gratuit, la surenchère mélodramatique, merci la belle simplicité du réalisateur. Juste la vie telle qu'elle va, qui parfois tourne au drame, et pourtant continue; ou pas. Du grand cinéma. Déchirant... Le deuil impossible.
Trois pépites d'émotion... Mais gros coup de cœur pour la dernière.
Et merci à m'sieur Eddy pour le titre
Athée, laïque, féministe assurée et romantique assumée, universaliste, républicaine, rieuse et mélancolique, résolument positive dans un monde dépressif, agitatrice de cervelle, gratteuse infatigable du vernis des humains pour voir ce qu'il y a dessous...
"Je ne fais effort ni pour qu'on m'aime ni pour qu'on me suive. J'écris pour que chacun fasse son compte." Jean Giono
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