Histoires de vie, et de vies...
14 Mars 2018
Bric à brac, suite, sur l'air de deux choses lune...
Je n'aime pas la sonnerie du téléphone. La nuit, ça sonne comme le tocsin annonçant le malheur. Le jour, c'est un peu comme si quelqu'un surgissait dans mon dos en criant "Bouh!". Alors mon portable a la voix de Zazie qui a le talent de chanter ma vie, et ça, j'aime...
J'aime ouvrir un cahier neuf, en faire craquer le dos un peu rigide, prometteur de mots jetés, d'idées en vrac, de longues réflexions et de multiples interrogations. J'y dis des bêtises en sachant que c'en est, et aussi des choses graves, en essayant de les souffler comme des bulles de savon...
J'ai détesté Belle du Seigneur*, profondément, dès la première lecture, j'avais seize ans, dix-sept peut-être. Oui, j'ai osé, d'emblée, penser que ce bouquin, ce "roman d'amour absolu" n'était qu'une immense fumisterie, un monument d'orgueil mal placé, de mépris de classe, de sexisme, d'hypocrisie, de misogynie. D'inhumanité. Hystérie, possession, vénération, soumission, dégoût des substances humaines, toutes les substances humaines. Et grandiloquence partout. Belle du Seigneur, je ne suis même pas désolée de vous le dire, c'est pour moi le symbole même de l'absence d'amour.
L'amour, celui qu'on cherche vraiment, au fond, ce n'est pas les cris, la passion, la jalousie, la fusion que nous vantent les grands mythes romantiques, non, c'est l'infini, la confiance, la paix. La personne qui vous aime, c'est celle qui vous aide à tisser et déployer vos ailes de liberté, celle qui vous donne le courage d'aller au bout de ce que vous êtes, pas d'y renoncer. Et c'est drôlement bien...
J'aime toujours autant "César et Rosalie" . Pas vraiment pour César. Plutôt pour David. Non, vrai de vrai, c'est pour Rosalie, pour sa grâce solaire et désenchantée, pour son refus obstiné de la médiocrité; et aussi pour la maison de Noirmoutier...
Je n'aime pas faire des projets à long terme. Je m'inscris dans le présent, et le futur ne me fait pas peur. J'y vais. Nous y allons tous. Mais je parie pour le présent, pour le réel, ici et maintenant. Etre là, vivante, essayer d'en dire quelque chose, habiter le réel, en toute vigilance. Avant tout, rester vigilante...
Je ne veux pas me garder. Garder mon quant à moi, mon calme à tout prix. Me préserver. Au prix d'une fausse indifférence affichée. J'aurais trop peur, à force de faire semblant d'être indifférente, de le devenir. Alors souvent, je mets le cœur dans le plat, et du reste, ça n'est pas plus mal que les pieds ...
A suivre...
*Belle du Seigneur, roman d'Albert Cohen, 1968
Crédit illustration: Okalinichenko
Athée, laïque, féministe assurée et romantique assumée, universaliste, républicaine, rieuse et mélancolique, résolument positive dans un monde dépressif, agitatrice de cervelle, gratteuse infatigable du vernis des humains pour voir ce qu'il y a dessous...
"Je ne fais effort ni pour qu'on m'aime ni pour qu'on me suive. J'écris pour que chacun fasse son compte." Jean Giono
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