Histoires de vie, et de vies...
13 Septembre 2016
Je vais vous parler d'un temps que, forcément, les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître intimement... C'était les années 70, qui ne se résument pas à une garde-robe hippie/disco/punk et des papiers peints psychédéliques ; on ne parlait pas encore de préadolescence, pas dans le langage courant du moins. Mais nous, les mômes des années 60, on était bien là, et déjà, on quittait l'enfance...
1970, c'est l'année où Jimi Hendrix est mort, et Janis Joplin, et aussi de Gaulle. Drôle de début. Les années défilent, les fameuses seventies. Avec les copines, c'était le temps des bonbons de toutes les couleurs, des fous rires pour rien, juste pour rire, des floppées de 45 tours, des première boums, pattes d'eph et tee-shirts "flower power", le temps des rêves, des premières révoltes, des premières amours. Rien de bien différent d'aujourd'hui dans le fond... Si?
Nous, on écoutait Julien Clerc poser ses mélodies et son vibrato sur la poésie baroque de Roda-Gil, Ferrat nous affirmer que nous étions l'avenir du monde, Souchon nous fredonner des désarrois qui ressemblaient aux nôtres... On découvrait Genesis... On dansait aussi bien sur Ma Baker (Boney M), We will rock you (Queen), L'été indien (Joe Dassin), Staying alive (Bee Gees), le Sud (Nino Ferrer), Hôtel California (Eagles)... Et n'importe quel ABBA!
On apprenait à nouer des bandanas dans nos cheveux, à glisser du khôl entre nos cils, du vrai, en poudre, avec un bâton, on s'aspergeait de patchouli, on frangeait tout, le bas des jeans, les cheveux, les sacs, les longues écharpes... On aimait Romy Schneider, Robert de Niro, Patrick Dewaere, Al Pacino, Meryl Streep, et les films de Claude Sautet; on collait sur nos murs des posters de Marilyn et de Nadia Comaneci. La mort d'Elvis, ça nous a moins bouleversées que celles de Mike Brant (mais oui, mais oui), de François Cevert et de Jim Morrison...
Cabu avait la trentaine, et entrait à Charlie Hebdo...
On a suivi les combats de Gisèle Halimi et de Simone Veil, on a lu Groult, Perec, Sagan, Aragon et Beauvoir, on s'est juré d'être toujours féministes avec, jamais contre... Contre qui? Mais les garçons, pardi, qu'on appelait les mecs, ou les gonzes, parce que hommes, ça paraissait trop grand pour eux, et puis on n'aurait pas osé le dire, de toute façon...
On regardait le monde qui nous attendait, et on trouvait qu'il ne ressemblait pas trop à ce qu'on espérait de lui, on voyait les tragédies défiler aux infos, ça commençait rude avec le Biafra, la guerre et les gosses faméliques au ventre boursouflé, la création de Médecins sans Frontières, la naissance de Greenpeace, le Manifeste des 343 (admirables) "salopes", et puis le Bloody Sunday, la prise d'otages aux J.O. de Munich, le putsch de Pinochet, le premier choc pétrolier, l'affaire du Watergate, la sanglante dictature des Khmers rouges, le nuage de dioxine de Seveso, les émeutes de Soweto, l'éxécution de Ranucci, l'Amoco-Cadiz et sa marée noire, les boat-people d'Indochine, et partout, partout, la guerre, la guerre du Kippour, du Viet-Nâm, la première guerre du Liban, et la guerre Iran-Irak qui allait inaugurer la décennie suivante...
Déjà, encore, toujours, obstinément, le monde s'enlisait dans la laideur, la violence, la médiocrité, et pourtant, on voulait y croire quand même, mieux, on y croyait, on volait vers nos 20 ans, on avait tout à faire, on avait tout à vivre...
C'était les années collège, les années lycée, le premier "vrai" petit ami, le bac, l'orientation, les études... Rien que de très ordinaire... Une décennie s'achevait, la suivante s'annonçait, on a quitté les copines, les copains, pour vivre nos vies, sur l'air de "on va voir ce qu'on va voir"... Parties pour l'inconnu, la trouille au ventre mais encore plus de désir que de peur, on s'est lancées dans nos vies minuscules, comme des grandes, et pour ce qui était de voir, on a vu...
1979, exil du shah d'Iran, proclamation de la république islamique, l'ayatollah Khomeyni... Mais c'est un tout autre chapitre...
Et vous, vos années adolescentes?...
Athée, laïque, féministe assurée et romantique assumée, universaliste, républicaine, rieuse et mélancolique, résolument positive dans un monde dépressif, agitatrice de cervelle, gratteuse infatigable du vernis des humains pour voir ce qu'il y a dessous...
"Je ne fais effort ni pour qu'on m'aime ni pour qu'on me suive. J'écris pour que chacun fasse son compte." Jean Giono
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