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Histoires de vie, et de vies...

Ado en 76, c'était comment?

Je vais vous parler d'un temps que, forcément, les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître intimement... C'était les années 70, qui ne se résument pas à une garde-robe hippie/disco/punk et des papiers peints psychédéliques ; on ne parlait pas encore de préadolescence, pas dans le langage courant du moins. Mais nous, les mômes des années 60, on était bien là, et déjà, on quittait l'enfance...

1970, c'est l'année où Jimi Hendrix est mort, et Janis Joplin, et aussi de Gaulle. Drôle de début. Les années défilent, les fameuses seventies. Avec les copines, c'était le temps des bonbons de toutes les couleurs, des fous rires pour rien, juste pour rire, des floppées de 45 tours, des première boums, pattes d'eph et tee-shirts "flower power", le temps des rêves, des premières révoltes, des premières amours. Rien de bien différent d'aujourd'hui dans le fond... Si? 

Nous, on écoutait Julien Clerc poser ses mélodies et son vibrato sur la poésie baroque de Roda-Gil, Ferrat nous affirmer que nous étions l'avenir du monde, Souchon nous fredonner des désarrois qui ressemblaient aux nôtres... On découvrait Genesis... On dansait aussi bien sur Ma Baker (Boney M),  We will rock you (Queen), L'été indien (Joe Dassin), Staying alive (Bee Gees), le Sud (Nino Ferrer), Hôtel California (Eagles)... Et n'importe quel ABBA!

On apprenait à nouer des bandanas dans nos cheveux, à glisser du khôl entre nos cils, du vrai, en poudre, avec un bâton, on s'aspergeait de patchouli, on frangeait tout, le bas des jeans, les cheveux, les sacs, les longues écharpes... On aimait Romy Schneider, Robert de Niro, Patrick Dewaere, Al Pacino, Meryl Streep, et les films de Claude Sautet; on collait sur nos murs des posters de Marilyn et de Nadia Comaneci. La mort d'Elvis, ça nous a moins bouleversées que celles de Mike Brant (mais oui, mais oui), de François Cevert et de Jim Morrison... 

 

 

 

F. Cevert et ses yeux revolver...

F. Cevert et ses yeux revolver...

 

Cabu avait la trentaine, et entrait à Charlie Hebdo...

On a suivi les combats de Gisèle Halimi et de Simone Veil, on a lu Groult, Perec, Sagan, Aragon et Beauvoir, on s'est juré d'être toujours féministes avec, jamais contre... Contre qui? Mais les garçons, pardi, qu'on appelait les mecs, ou les gonzes, parce que hommes, ça paraissait trop grand pour eux, et puis on n'aurait pas osé le dire, de toute façon...

On regardait le monde qui nous attendait, et on trouvait qu'il ne ressemblait pas trop à ce qu'on espérait de lui, on voyait les tragédies défiler aux infos, ça commençait rude avec le Biafra, la guerre et les gosses faméliques au ventre boursouflé, la création de Médecins sans Frontières, la naissance de Greenpeace, le Manifeste des 343 (admirables) "salopes", et puis le Bloody Sunday, la prise d'otages aux J.O. de Munich, le putsch de Pinochet, le premier choc pétrolier, l'affaire du Watergate, la sanglante dictature des Khmers rouges, le nuage de dioxine de Seveso, les émeutes de Soweto, l'éxécution de Ranucci, l'Amoco-Cadiz et sa marée noire, les boat-people d'Indochine, et partout, partout, la guerre, la guerre du Kippour, du Viet-Nâm, la première guerre du Liban, et la guerre Iran-Irak qui allait inaugurer la décennie suivante...

Déjà, encore, toujours, obstinément, le monde s'enlisait dans la laideur, la violence, la médiocrité, et pourtant, on voulait y croire quand même, mieux, on y croyait, on volait vers nos 20 ans, on avait tout à faire, on avait tout à vivre...

Ado en 76, c'était comment?

C'était les années collège, les années lycée, le premier "vrai" petit ami, le bac, l'orientation, les études... Rien que de très ordinaire... Une décennie s'achevait, la suivante s'annonçait, on a quitté les copines, les copains, pour vivre nos vies, sur l'air de "on va voir ce qu'on va voir"... Parties pour l'inconnu, la trouille au ventre mais encore plus de désir que de peur, on s'est lancées dans nos vies minuscules, comme des grandes, et pour ce qui était de voir, on a vu...

1979, exil du shah d'Iran, proclamation de la république islamique, l'ayatollah Khomeyni... Mais c'est un tout autre chapitre...  

Et vous, vos années adolescentes?...

 

 

 

Ado en 76, c'était comment?
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La Baladine

Athée, laïque, féministe assurée et romantique assumée, universaliste, républicaine, rieuse et mélancolique, résolument positive dans un monde dépressif, agitatrice de cervelle, gratteuse infatigable du vernis des humains pour voir ce qu'il y a dessous... "Je ne fais effort ni pour qu'on m'aime ni pour qu'on me suive. J'écris pour que chacun fasse son compte." Jean Giono
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P
C'est assez bien décrit, du côté d'une Française... Avec votre écriture soignée. Chez nous (je quitte l'année 76 là) il y avait aussi les manifestations contre la guerre du Vietnam, les conférences, les pièces de théâtre, les manifs contre les "16 milliards" (d'achat d'YF 16), ma première prise de conscience politique fut le 11 septembre 1973. La Libre Belgique, qui n'était pourtant pas de gauche, loin s'en faut, publiait un dossier sur la Chine de Mao. Il y a eu la fin du franquisme ou plutôt ses derniers soubresauts, car quand je suis allée dans les Pyrénées, nous avons fait un saut jusque dans la première ville espagnole - je ne sais plus laquelle et elle était bourrée de militaires. <br /> Malgré la situation internationale et les récits de nos aînés, on espérait qu'on changerait le monde... Et je ne sais pas très bien ce que j'ai fait pour cela. Sortir deux livres, peut-être, et des articles de revues... <br /> J'ai envie de dire que c'était bien, à mon niveau, familial, lycéen, amical, avec des professeurs qui nous ouvraient les yeux, parfois, ça faisait choc (comme lors de ce cours de "morale" où l'on a passé "Nuit et brouillard", et l'une de nous ne savait rien des camps de concentration. Elle a éclaté en pleurs. Le professeur était consternée. <br /> Peut-être qu'on suivait un peu la France, la mort de De Gaulle représentait au moins quelque chose pour mon père, qui, en 40, avait tout de suite été gaulliste... Mais pas grand-chose pour moi. Nous avions un roi, autant dire, indéboulonnable, (il est mort en 1993), mais par contre les ministres valsaient tellement, et les gouvernements, que je serais bien incapable de dire ce qu'il se passait dans ces années-là.<br /> Mon frère a fait son service militaire en Allemagne, car la Belgique avait encore des casernes là-bas... <br /> <br /> Et puis, la vie s'est chargée de m'assagir, avec toujours un brin d'esprit de contradiction (je m'insurgeais quand j'entendais "les Russes vont venir nous prendre nos richesses" - je répondais "quelles richesses"? Parce que je voyais aussi la pauvreté) - etc. etc. <br /> <br /> Que reste-t-il de tout cela.<br /> <br /> En effet "les beaux yeux de François Cevert", j'avais des amies qui en étaient bleues. Je disais que j'en tenais pour Gérard Lenormand, mais c'est parce qu'il ressemblait à un garçon que j'aimais bien (uniquement)... C'est surtout Pink Floyd que j'aimais, Deep Purple, Genesis, oui, Roxy Music, et bien sûr, Ferré, Ferrat, Catherine Ribeiro, et tant d'autres... Sans compter Brel...
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L
Merci Pivoine d'être venue jusqu'ici. :-)<br /> Je me suis rendue compte, à la lecture du billet de Célestine et du tien, que ce qui me restait de ces années-là (en 76 j'avais 15 ans) c'était plus une impression de vertige face au monde que les conflits (classiques et au final plutôt minimes) avec mes parents. Ce curieux décalage d'un âge où l'on est encore insouciant tout en prenant conscience du monde qui nous entoure. <br /> J'avoue que la Belgique, à l'époque, m'a un peu échappé. D'autant qu'une royauté, ça reste plutôt "exotique" pour nous ;-)
L
"Et vous, vos années adolescentes?..."<br /> <br /> Elles n'étaient pas drôles tous les jours.<br /> Parfois douloureuses, parfois allègres.<br /> Mais merveilleuses.<br /> Je les revivrais avec joie.<br /> Il paraît que c'est rare, mais c'est comme ça.<br /> Comme dit HB "C'était bien"...
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L
@ Pivoine, depuis, je me suis rattrapée ;-) J'ai passé pas mal de temps en Belgique, et ai gardé quelques connaissances belges, dont une amie... qui vit à Paris! :-D
P
Oui, on ne nous a jamais très bien connus, j'ai eu des correspondantes qui m'écrivaient une première lettre en disant "je ne parle pas le belge" ... Pour moi qui étais un pur produit de la culture française classique, teintée évidemment de ce qui fait la particularité de la Belgique (je citerais l'art flamand...) et de me sentir partout chez moi... C'était étrange. Avec mes parents, lors de vacances en France, nous étions des touristes, donc, bien traités, mais plus tard, quand je suis partie seule, chez des amies ou en camp de vacances, j'ai parfois entendu des choses curieuses ....................
N
Moi ? Ben c'était ... ça !!! Et ça me fait tout drôle de lire cet "autoportrait" :-) ... merci !
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L
Les années 70... Fameuse et incontournable décennie! <br /> <br /> Bienvenue :-)
L
Ah la la...<br /> Nos années adolescentes...<br /> Ce furent des années très chouettes.<br /> Mais ado en 76 était probablement plus facile qu'ado en 66...<br /> Les écoles et les lycées n'étaient pas mixtes et les négociations délicates car si Mr Neuwirth avait fait passer en 67 la loi qui calmeraient les angoisses des filles et des garçons, les derniers décrets n'en sont parus qu'en 1975 (ouais ! 1975 !)<br /> Mais à part ça, c'était sûrement aussi chouette, merveilleux et angoissant en 76 qu'en 66...
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L
Et puis j'oubliais : J'aime beaucoup votre blog.
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L
Merci, j'apprécie beaucoup que vous aimiez, parce que je suis tombée en amour du vôtre!
L
Et puis j'allais au lycée tout près de là où est né Hara-Kiri.<br /> J'étais en 5ème quand Hara-kiri sortit en kiosque...<br /> C'était bien...
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L
Mince... C'est vrai, vous avez eu de la veine!
L
"Ado en 76, c'était comment? "<br /> <br /> Je ne sais pas, j'étais ado dans les 60's...<br /> J'ai eu de la chance, pour moi c'était bien...<br /> Il n'y avait pas encore de collège, il y avait le "cours complémentaire" et l'apprentissage pour ceux qui n'aimaient pas l'école et le lycée pour ceux qui se débrouillaient bien en classe.
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L
Oh ! Il y en avais des choses dans les 60's à Paris.<br /> J'ai tenté de le faire partager il y a quelques années sur mon blog.<br /> C'était vraiment une période chouette.<br /> Pas pour tous, hélas...
L
Ah! Merci de prendre le temps de passer ici! Les ados des sixties, les grands pour moi à l'époque, époque plus révolutionnaire que la mienne, Warhol, les Beatles, Kennedy, Malcolm X et mai 68! C'est la décennie qui nous a fait rêver, via American Graffiti...
M
C'étaient les miennes aussi, alors j'ai lu et suis retournée "antan lontan" comme on dit dans les îles, quel magnifique bain de jouvence!
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J
Merci d'avoir ravivé des souvenirs. Je me souviens de ce qui m'intéresserait à l'époque. Musique et cinema. Pour le sport et la politique, c'est plus flou. Si je devais choisir un fait marquant, je dirais Les premiers hommes sur la lune
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L
C'était surtout le cinéma et la politique.<br /> Aldrin, Collins et surtout Armstrong, c'était super mais j'étais déjà "grand", 20 ans...
L
La liste n'est évidemment pas exhaustive...
L
Musique, cinéma, en priorité, bien sûr, et le sport que je pratiquais! Pour les faits politique ou d'actualité de l'époque, il a fallu que je me penche dessus pour tout remettre dans l'ordre. Dans ma tête c'était un gros pêle-mêle! Je ne prétends pas avoir suivi tout ça de près à l'époque, hein, mais j'avais, déjà, vite fait de m'indigner! Je suis née indignée, je crois bien... ;) Pour les premiers pas sur la Lune, c'est une grosse frustration. 1969, mes parents n'ont pas jugé bon de me réveiller... ENORME indignation!!!