Histoires de vie, et de vies...
22 Mai 2018
Mais l'élégance, c'est quoi?
Pour moi, et je mets ma main au feu que je ne suis pas seule à penser ainsi, c'est un tout. Une alchimie de mille choses, qui, pour beaucoup, ne sont rien. Mais après tout, une multitude de riens, c'est déjà quelque chose, non?
A mon sens donc, ça ne se résume pas aux vêtements. Pas plus qu'aux mensurations. Ça n'a rien à voir avec la perfection. Avec la richesse, ou le statut social. Rien.
Ça pourrait commencer par... une certaine façon d'habiter son corps... quelque chose d'impalpable, un pas léger et suspendu, une manière de ployer son cou, de soulever une épaule, de mouvoir un bras, une main, quelque chose de fluide et ample à la fois.
Le contraire de l'étriqué.
Ça participe d'un regard qui vous voit vraiment, qui s'intéresse, qui ne fait pas semblant. Des yeux qui se plantent dans les vôtres, curieux de ce que vous dites, ce que vous êtes. Une attention vraie qui n'est que le souci de l'autre.
L'inverse de la banalité.
Ça passe nécessairement par le courage. Celui de vivre sa vie, telle qu'elle se présente, sans jamais s'en plaindre. S'adapter. Encaisser. Se souvenir qu'on est vivant, avant tout, toujours vivant. Se sentir vivre, et ne pas avoir peur.
A cela j'ajoute l'absence de cynisme.
L'âge n'y fait rien. La joue satin crème de la jeunesse n'a pas plus d'élégance que celle que creusent les ans. Ne peut être élégant qu'un visage où se lisent toutes les traces de la vie, avec ses joies et ses souffrances, et ça, ça n'a pas d'âge.
Si l'élégance se moque de l'âge, maturité et vieillissement l'accompagnent avec grâce. "L'âge seul nous renseigne", écrivait Cocteau. C'est si vrai! A la condition que l'âge nous dicte la simplicité, la nécessité de l'indulgence. La nécessité absolue de ne pas cacher sa tendresse, même blessée, de la laisser s'épanouir. D'intégrer l'amour dans tous les combats. D'ouvrir le cœur toujours un peu plus, quitte à le fendre, à l'éventrer. C'est toujours vivre, vivre haut, vivre beau.
L'élégance n'a que faire des modes, des jugements lapidaires, des buzz et autres raccourcis qui racornissent l'âme. L'élégance aime voir dans les cœurs mis à nu, et pour ça elle commence par montrer le sien. Entre douceur et amertume. Elle garde sa simplicité, elle sait, elle endure, offre son sourire et sa bonne humeur à la face du monde.
L'opposé du péremptoire.
Je ne sais pas si je suis élégante. Je ne sais pas ce que dégage ma gestuelle. Je sais que je ne suis pas toujours d'humeur égale. J'ai des colères, que je ne renie pas, elles me nourrissent au moins autant que mes joies, mes douleurs. Mais je sais que mon cuir ne se tanne que sur ma tronche. A l'intérieur, il s'assouplit. Le poids des ans est un leurre, ce n'est qu'une somme d'expériences qui en rien ne gomme la sensibilité. Au contraire, elle ne cesse de s'accroître, et la perception de l'urgence à vivre chaque instant avec elle.
Alors, à ma question sur ce qu'est l'élégance, j'ai cherché, réfléchi, et trouvé ma réponse.
L'élégance, je la sens aujourd'hui dans cette mystérieuse alchimie entre une voix, une diction particulières, un âge, la quarantaine ici(mais ça pourrait être plus, ou moins) que l'on qualifie de tournant, une musique lumineuse, des paroles désenchantées mais lucides, chronique d'une jeunesse envolée, et pourtant la capacité de regarder vers l'après... Une grâce étourdissante, une justesse bouleversante, une profondeur qui transperce et fait toucher du doigt la proximité entre amour et désespoir de vivre...
C'est le contraire de l'esbroufe.
Alors, je vous le demande, pour vous, c'est quoi, l'élégance?
Athée, laïque, féministe assurée et romantique assumée, universaliste, républicaine, rieuse et mélancolique, résolument positive dans un monde dépressif, agitatrice de cervelle, gratteuse infatigable du vernis des humains pour voir ce qu'il y a dessous...
"Je ne fais effort ni pour qu'on m'aime ni pour qu'on me suive. J'écris pour que chacun fasse son compte." Jean Giono
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