Histoires de vie, et de vies...
6 Janvier 2022
Eh bien voilà, 6 jours déjà que la Terre a bouclé sa révolution autour du Soleil, et débuté une nouvelle ellipse. Il faut croire qu'elle n'est pas bien nomade, la Terre, pas très bohême, elle fait très attention à toujours remettre ses pas dans l'empreinte qu'elle a laissée derrière elle... toujours le même tour, toujours la même course, et nous autres, humains, qui apparaissons, et disparaissons, sans qu'elle ne varie sa trajectoire. Un peu comme si elle tentait d'avaler l'espace avec son globe, dans le silence, parmi les étoiles, comme si elle tentait chaque fois de devenir le temps, l'espace et le silence...
Il y aura toujours l'eau le vent la lumière
Rien ne passe après tout si ce n'est le passant
C'est beau comme du Aragon, mais on sait bien aujourd'hui que ce n'est pas vrai, que toute cette course s'arrêtera définitivement, un jour, dans le meilleur des cas d'ici 5 milliards d'années. Peut-être avant. Non, pas demain, mais bien avant. Ça dépend un peu de nous, un peu beaucoup, mais pas seulement. Un peu beaucoup quand même.
Et puis au fond, elle n'est pas si silencieuse, la Terre, elle bouillonne de vie, même, de vie animale, végétale, minérale. De cris, de rires, de souffles, de coups, de glissades, de bruissements, de pleurs, d'explosions, d'éclosions, de batailles, d'amours, de morts, et de tendresse...
On dirait bien que, mine de rien, la Terre, elle nous invite à prendre soin des moindres choses. Avez-vous déjà pensé au génie qu'il a fallu pour inventer les moindres choses? C'est dans les périodes d'incertitude totale comme celle que nous vivons actuellement qu'il devient essentiel de s'en rendre compte, pour échapper à l'indifférence. Parce que le plus terrible, quand vous avez quelqu'un en face de vous, c'est de vous apercevoir qu'en réalité, vous n'avez personne. Que l'être humain qui semble se tenir là est comme absent de lui-même. Comment c'est possible? Quand il n'y a personne à la tendresse que vous avez demandée.
Non?
Normalement, dans les périodes complexes, les périodes de "crise", ce qui est assez formidable, c'est que chacun peut exprimer ses doutes, ses peurs, ses fragilités, dans l'espoir d'être entendu, juste entendu, sans être moqué, ou pire, ignoré. Normalement.
Normalement, les périodes difficiles, ça rapproche les êtres. On se serre les coudes, on se réchauffe le cœur et l'âme. On s'entraide. Normalement. Pas toujours.
Je vais vous dire : ce qui est certain, c'est que les périodes complexes, difficiles, incertaines, ça révèle le vrai visage des gens. Les masques tombent, ce qui est finalement d'une ironie féroce au moment où il est crucial d'en porter un.
Durant l'année qui s'est écoulée, j'ai vu apparaître une ribambelle d'opportunistes, comme tout droit sortis de la chanson (cliquez, faites-vous plaisir) du brillantissime duo Dutronc/Lanzmann. Vous savez, de ceux (et celles) qui ont si peu de convictions morales qu'ils peuvent s'asseoir dessus sans douleur tout en s'essuyant les pieds sur ceux qui galèrent. J'ai rencontré la couardise la plus crasse, bien cachée derrière un tout petit, petit caractère d'autocrate. Le refus du dialogue par absence d'argument. Le mépris de classe. L'ostracisme. L'injustice. Le cynisme de tous ceux, toutes celles qui ont l'humanisme sélectif et la solidarité à géométrie variable. Le mensonge, qui signe la médiocrité.
J'ai vu le complotisme prendre le pas sur la raison. J'ai vu les effets du Covid long. Non, ce n'est pas "juste une grosse grippe". Ça tue des gens qui pouvaient encore vivre bien, et ça laisse des séquelles chez des êtres encore jeunes.
En plus, il a plu tout l'été. De quoi se noyer dans une mélancolie plus profonde que l'océan.
Et encore, je ne parle que de mon tout petit monde, dans ma toute petite campagne de bord de mer. Où j'ai connu aussi de bien jolies éclaircies, quelques belles rencontres, des conférences brillantes, des lectures passionnantes, tantôt drôles, tantôt déchirantes, toujours pleines d'idées et de matière à réflexion, et puis du partage, de l'écoute, des échanges. De l'affection. Et de l'amour. Et de la douleur.
Nous sommes en 2022 et la période reste complexe, difficile. Tout a changé et rien n'est sûr, mais je suis la même. Sensible au monde tel qu'il va, pas toujours en phase avec lui, peut-être trop sensible au monde, justement... Tant pis, ou plutôt tant mieux. Je reste, plus que jamais, animée d'un principe essentiel, qui me dit que l'humain est la seule et unique valeur qui compte. Que toute atteinte à la dignité humaine est inacceptable. Quel qu'en soit le degré. Ici, ailleurs, partout.
Je crois intimement, dans cette crise qui au fond n'en est déjà plus une puisqu'elle perdure, et perdurera sans doute encore longtemps, que nous vivons une étonnante aventure humaine. Nous sommes, pour la première fois de notre histoire, plus de 7,7 milliards d'êtres humains à être confrontés au même problème. C'est quand même quelque chose, autre chose qu'une petite ou même grosse contrariété qui vous tombe sur le poil à vous tout seul, genre loi de Murphy, non non, c'est une aventure COLLECTIVE. Pas réjouissante, mais totalement extraordinaire. Et puis vu comme ça, ça a plus de gueule, quand même!
Non?
Je vous dis ça, à vous, parce que je sais que vous, vous n'avez pas, comme ceux, celles dont je parlais plus haut, l'âme et le cœur sous barbelés.
Alors je vous souhaite, pour cette nouvelle révolution de la Terre autour du Soleil, beaucoup de rires, et d'harmonie, de tendresse et de paix. De rester vous-même, différents et semblables, chacun son chant, son rire, mais toujours accueillants. Je vous souhaite de sourire aux autres sans les craindre. Sourire même derrière le masque, un vrai sourire, qui plisse les yeux, les fait briller, des yeux qui regardent vraiment, en conscience. En plus ça rend beau. Ça rend belle. Et invulnérable. Beau, belle de l'intérieur. La seule beauté qui vaille.
Je vous envoie un océan de tendresse.
Alors, la vie, belle? Ou pas?
Athée, laïque, féministe assurée et romantique assumée, universaliste, républicaine, rieuse et mélancolique, résolument positive dans un monde dépressif, agitatrice de cervelle, gratteuse infatigable du vernis des humains pour voir ce qu'il y a dessous...
"Je ne fais effort ni pour qu'on m'aime ni pour qu'on me suive. J'écris pour que chacun fasse son compte." Jean Giono
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