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Histoires de vie, et de vies...

Compter les silences...

Compter les silences...

 

Je les interrogeais. Je disais "qui êtes-vous?". Je ne sais pas ce que vous dites vous quand on vous pose cette question, mais la réponse que j'obtenais le plus souvent c'était "je suis médecin, je suis plombier, je suis prof, je suis vendeuse, je suis kiné"... Ce n'était pas ce que je voulais savoir. Ce qui est intéressant, je trouve, c'est moins ce que les gens font que ce qu'ils sont, et le chemin qui les a amenés à faire ce qu'ils font. Est-ce que c'est une vocation? Est-ce que c'est un choix? Est-ce que c'est parce qu'ils n'ont pas pu, pas su, pas osé tenter autre chose? Que rêvaient-ils de faire quand ils étaient petits? Poser de vraies questions en vue d'obtenir de vraies réponses. Et faire de vraies rencontres.

Alors voilà, qu'est-ce que vous vouliez faire quand vous étiez petits?

Si vous saviez ce que j'ai entendu de silences, de froids au cœur venus du creux de l'enfance. Paradis l'enfance? Pas plus vert que perdu, tiens! Ecoutez, si vous tendez l'oreille, vous les entendrez, derrière les visages adultes, ces pleurs d'enfants qu'on a punis à tort.

Vous avez déjà compté vos silences?

Elles m'ont parlé, ils m'ont parlé de leur enfance. Le plus souvent, ça commençait par "j'ai eu une enfance heureuse"... "je n'ai manqué de rien"... "je n'ai pas eu à me plaindre"... 

Et puis doucement "enfin bon, quelques gifles, des fessées, quelques humiliations, mais ça c'est normal, non, comme tout le monde, quoi... c'était pour mon bien"...

Elle disait "j'ai de bons souvenirs. Mais c'est vrai, il fallait ne pas faire trop de bruit. Ne pas poser de question. Ne pas contredire. Ne pas prendre la parole en premier. Ne pas jouer bruyamment. Ne pas déranger." Elle soupirait "comme j'étais plutôt remuante, plutôt bavarde, je me prenais des roustes. Bah, je n'en suis pas morte, hein! Mais parfois je me demande si c'est bien de faire en sorte que les enfants  se taisent à tout prix..." 

Il disait "c'est drôle, je n'ai pas pratiqué le sport dont je rêvais. Je n'ai pas joué de l'instrument dont je rêvais. Je n'ai pas fait les études dont je rêvais... J'ai suivi le désir de mes parents. Ils me disaient: choisis, et quand j'avais choisi, ils tranchaient: ce serait mieux si tu faisais ça." Il réfléchissait. "Tu crois que quand on aime ses enfants, on les fait taire?"  

Elle disait "mes parents étaient séparés, ma mère avait la main leste, pourtant elle ne me prenait que le week-end, et encore, pas toujours, j'ai été pensionnaire de la sixième jusqu'au bac. Bon, j'ai bien dû les mériter, ces gifles. Et puis, ça ne veut rien dire... mon père, lui, oubliait de venir me chercher; il était du genre à me souhaiter mon anniversaire six semaines après, au fait, bon anniversaire!"  Elle réfléchissait "en fait j'ai toujours eu l'impression que mon père ou ma mère me prenaient quand je faisais bien dans le tableau; mais je suis restée la pièce en trop. Je n'ai rien fait de ce dont je rêvais. On n'a jamais cessé de me faire taire, depuis que je suis petite." 

Et lui racontait "j'ai repris la petite boîte que mon père avait montée. Ce n'était pas ce que je voulais faire, mais ça lui aurait fait trop de peine... Je ne vais pas me plaindre, mais bon... Mon fils fera ce qu'il voudra, lui."

Et elle avouait "je manque absolument de confiance en moi. Je ne sais pas d'où ça me vient. Mes parents disent que j'ai toujours été comme ça. Craintive. Pleureuse. Braillarde même. Il fallait toujours me faire taire, c'est ce qu'ils disent." Elle s'arrêtait, et moi je lui disais "et maintenant?" et elle répondait " ma fille est comme moi. On est assez fusionnelles..." Un silence "j'aurais peut-être dû partir loin, m'éloigner de mes parents, de ma rue natale, je n'ai pas su, je n'ai pas pu.Tu crois que j'aurais dû? Ça me vient bien de quelque part, de quelque chose? Est-ce qu'on naît déjà comme on est, comme on va être?"

Et lui aussi "j'ai eu beaucoup de mal à partir. Je me sentais coupable. Voir la vie autrement qu'avec leurs yeux, faire d'autres choix, c'était comme renier ce qu'ils étaient. Pas facile..." Il se taisait, reprenait "je l'ai fait, mais je sens bien qu'ils ne comprennent pas. Ils ne me posent jamais de questions sur ce que je fais. Ça leur est étranger, ça ne les intéresse pas." Un soupir "c'est comme ça, c'est un peu triste, comme si je n'existais pas tout à fait, comme si une part de moi n'était pas tout à fait vraie, comme si j'avais failli... mais à quoi?"

J'entendais. J'écoutais. Je comptais les silences sur les froids de leur cœur d'enfant. Ces enfants qu'on n'a pas voulu entendre, écouter. A qui on a surtout appris à obéir, se taire et mettre au pas leurs battements de cœur. Sois raisonnable. Sois docile. Sois comme je te dis que tu dois être. Tu es comme ça. Tu n'es QUE ça. Autant d'estafilades à la confiance, de meurtrissures au devenir soi. Parfois, c'est tellement réussi qu'ils finissent par ressembler tout à fait à n'importe qui. 

Et vous? Est-ce qu'on vous a aussi fait taire quand vous étiez petits?

 

 

Crédit photo:André de Dienes

 

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À propos
La Baladine

Athée, laïque, féministe assurée et romantique assumée, universaliste, républicaine, rieuse et mélancolique, résolument positive dans un monde dépressif, agitatrice de cervelle, gratteuse infatigable du vernis des humains pour voir ce qu'il y a dessous... "Je ne fais effort ni pour qu'on m'aime ni pour qu'on me suive. J'écris pour que chacun fasse son compte." Jean Giono
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J
Bonjour La Baladine, mon enfance fut plus sereine mis à part quelques fessées mais rien de bien méchant .
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L
Ah! La fessée! Il y aurait bien à dire... ;-)
A
Mon enfance j'en ai raconté des éléments significatifs dans un livre. Et puis j'en ai parlé plus d'une fois sur mon blog. (C’est vrai que c'était il y a pas mal de temps). Aussi j'avais le sentiment de ne pas avoir grand-chose à en dire ici. Et puis je suis revenu à la question précise : « est-ce qu'on vous a fait taire ? »<br /> J'ignore si c'est pire : je pouvais dire n'importe quoi, ça n’intéressait personne… Ils vivaient entre-eux « les grands ». Ils avaient leur univers et j'avais le mien. Il restait toutefois deux territoires communs : — mon bulletin scolaire, ses mauvaises notes, les remontrances et punitions afférentes.<br /> — Le mois de vacances annuel, comme une sorte de paradis.<br /> Il faudra attendre que je pactise avec le poliovirus pour que je devienne intéressant, parce que quand même j'ai failli aller voir de l'autre côté si je n'y étais pas.<br /> À partir de là, ce fut en quelque sorte une nouvelle naissance…<br /> comme quoi l'adage se vérifiait : à quelque chose malheur est bon »
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L
Se voir intimer l'ordre de se taire ou parler dans le vide, ça relève de la même démarche, je crois: l'enfant est considéré comme négligeable, non en quantité (la preuve, frôler la mort te rend important), mais en personnalité. L'enfant non individu. L'enfant pâte à modeler. On en voit toujours beaucoup...<br /> Merci d'être passé poser ton histoire :-)
A
Bonjour , On m'a fait taire pendant l'enfance oui bien sur comme tout un chacun je crois et en même temps j'ai cette chance extraordinaire que l'on m'a fait parler aussi ; c'étaient comme des temps parallèles selon l'humeur des adultes ... Parfois des gros blocages parfois une belle liberté ; mes amies m'enviaient des parents que je jugeais trop sévères mais qui étaient vraiment dans le dialogue ( rare à l'époque ).<br /> Longtemps j'ai eu envie de leur HURLER dessus à cause de ces silences, de ces gorgées de salive essuyées et de ces larmes trop souvent versées sur l'oreiller par incompréhension et sentiment de trahison... Et puis, j'ai pardonné ... J'espère également l'être à mon tour pour tous les silences que j'ai moi aussi imposé quelquefois - trop souvent - à ma petite tribu et à mes élèves ...
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L
Bonjour Annick! Merci d'être passée témoigner. J'imagine que le pardon vient du sentiment qu'ils ont fait de leur mieux... Il me semble que c'est la question essentielle, en quasi toute occasion, se demander "est-ce que j'ai fait de mon mieux..."<br /> :-)
E
On m'a mise au cours de danse et puis on m'en a retirée. On a voulu que je fasse arts déco alors que j'aimais écrire. Mais ça ne fait rien... j'ai fait d'autres choses que celles que je planifiais de faire, et elles ont été bonnes aussi. Mes parents se sont trompés, ont été envahissants ou trop discrets mais ils n'étaient que des humains qui voulaient bien faire. J'ai eu des fessées, des menaces, des punitions injustes mais quoi... la vie est injuste et on arrive à y être souvent très bien :)
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L
Bien sûr, on s'arrange, on se débrouille, et parfois on s'en sort bien, même très bien! <br /> La réponse qui revient fréquemment, je m'en rends bien compte, c'est en gros "mes parents ont fait ce qu'ils ont pu". La question que je pose (et qui vaut pour moi aussi, en tant que mère), c'est "ont-ils fait de leur mieux?" <br /> Mine de rien, ça change tout. :-)
C
Il est beau ton billet, chère Baladine, et je suis désolée d'arriver si tard pour te le dire.<br /> Mais la vie m' a happée comme tu le sais, cette semaine, et j'émerge à peine, tout doucement.<br /> raconter mon enfance, je fais ça à longueur de temps en ce moment, dire mes silences, et combien l'on m'a sinon fait taire, du moins fait baisser les yeux...parce que l'on me trouvait trop curieuse, trop insolente, posant trop de questions...tu sais tout cela. Et pourquoi j'ai choisi le métier de semeuse de graines...pour soigner à travers les enfants ma petite fille intérieure.<br /> Devant chaque enfant, on devrait se dire : faisons le maximum pour qu'il s'épanouisse...Et puis il y a la vie, qui nous apporte son lot d'imprévu et rien ne se passe jamais comme on l'a décidé.<br /> Je t'embrasse, chère belle blonde. <br /> J'aime beaucoup cette photo de Marilyn, c'est comme ça que je l'ai toujours aimée, nature.<br /> ¸¸.•*¨*• ☆
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C
« on ne se perd pas plus de lecture que de cœur...»<br /> Comme c'est joli...<br /> D'accord, bien évidemment.<br /> ¸¸.•*¨*• ☆
L
Alors on va se dire un truc et on va s'y tenir, si tu veux bien: pas de mots d'excuse, de billet de retard ou tout autre chose qui aurait un vague air d'obligation, tu vas tu viens tu vis, je vais je viens je vis, et quoiqu'il arrive on sait qu'on ne se perd pas plus de lecture que de cœur... D'ac?<br /> <br /> Ceci étant posé, je sais, je sais et suis ton parcours de cœur battant, de vivante qui vit, qui explore, qui s'autorise à agir sur elle, pour elle, à dire JE.<br /> <br /> Marilyn, oui, encore une identité interdite; tiens, un extrait d'une note écrite de sa main, en préparation d'une interview, à propos de son enfance: "Le manque d'amour solide et d'attention, avec pour conséquence la méfiance et la peur du monde. Je n'en ai rien retiré de bien excepté ce que cela m'a appris des besoins essentiels de tout-petits, des malades et des faibles".<br /> <br /> Bise nature et sororale
N
Plutôt que de se faire taire, enfant, dans certains contextes, on préfère se taire de soi-même. Le silence a beaucoup fait partie de ma génération, je ne connais pas beaucoup d'enfants autour de moi qui n'aient pas baissé la tête et la voix devant leurs parents, époque oblige. Je ne critique pas, j'évoque. Je sais bien que je suis "un peu" à côté de ce que tu demandes, mais pas tant. Ils ne parlaient pas, ou, pour mon père, de façon dramatique, colérique, comment aurais-je pu évoluer dans une parole quiète et partagée. Oui, il y a eu beaucoup de silences et un grand manque de transmissions à cause de ça mais je pourrais écrire un livre là-dessus. Le silence. Le mot. L'écrit. La parole. Presque mutique en classe, et même à l'université, l'écrit m'a sauvée jusqu'à ce que tard, très tard, prenant peu à peu confiance en moi. Mes défis n'ont commencé à porter des fruits personnels, je veux dire sans honte : faire du théâtre amateur ; faire cours à quelques étudiants ; m'exprimer dans un séminaire ( https://www.youtube.com/watch?v=V7aMXGAvlkE) que "vieille"... Bon, on arrête là hein, il avait raison "l'autre" on n'est pas chez le psy ... mais je te sais tellement tournée vers nous "pauvres humains" ! Bonne soirée et merci pour tes articles qui nous maïeutisent ! :-) Je t'embrasse.
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L
Tu n'es pas du tout à côté, tu es même totalement dans le sujet, il est si vaste, en fait! <br /> Quels que soient les personnes ou les circonstances qui nous ont fait taire, ce qui parait évident, c'est le relais salvateur qu'a pris l'écrit chez beaucoup d'entre nous. Réussir à poser sa paroles, même dans le silence, s'exprimer à mots tracés, tus plutôt que parlés mais tout aussi parlants reste une vraie démarche dans l'affirmation de soi, sans doute. <br /> <br /> Le théâtre, les cours sont tout aussi salutaires, et il n'y a pas d'âge pour guérir et oser être pleinement soi face au monde. Je veux dire, il n'est jamais trop tard. L'essentiel est le chemin, non?<br /> <br /> Merci pour le lien, bravo pour la performance, tu m'impressionnes, et quelle conclusion magnifique, la femme en 4 définitions, je n'en dis pas plus, histoire de ne pas étouffer la curiosité ;-)<br /> <br /> Merci à toi qui fais partie de ceux qui jouent le jeu du vrai dialogue, questions, réponses et harmonie :-) ♥<br /> Bise tendre
O
Oui que de vies gâchées parce que l'on n'a pas su donner aux enfants la confiance en eux et dans la vie. Moi j'ai eu la chance d'avoir une mère aventureuse aimant la musique et la poésie qui m'a forgé un optimisme à toute épreuve
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L
Pour faire un être fort, un regard aimant et porteur, n'attendant rien de plus de ses enfants qu'ils soient aussi heureux que possible...<br /> Elle t'a aussi transmis l'amour des mots et de la musique, apparemment :-)
M
Merci pour ces mots qui nous touchent...On a tous des choses à dire sur notre enfance, les égratignures et les manques...ce sont eux qui nous ont forgé mais je n'ai pas manqué d'amour, même si j'ai manqué d'écoute. Mes parents avaient autre chose à faire et j'étais la petite dernière...C'est dans les livres que j'ai trouvé la force qui me manquait et les hasards de la vie (qui n'en sont pas en réalité) ont fait le reste...
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L
Merci d'être passée dire ton émotion et partager un peu de tes silences enfantins... Les livres, oui, autant de sources d'inspiration, autant d'apprentissages inattendus, autant d'évasions dans l'imaginaire! :-)
P
"à coup de livres", j'ai franchi tous ces murs...Je fais au final ce que j'ai voulu...et toc!
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L
Ah Goldman en citation, ça décoiffe! J'adore! <br /> <br /> Bravo pour la volonté aboutie, et bienvenue ici :-)
F
"La curiosité est un vilaine défaut"... apprenait-on du curé, ou pire encore du maître d'école.<br /> Jacques Higelin disait : "je n'ai pas élevé mes enfants, je me suis élevé avec eux..."<br /> Bon dimanche
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L
Bonjour et bienvenue, Francis!<br /> <br /> La religion (les religions) sont bâties sur la culpabilité et l'obéissance, il est donc normal que les désirs (dont celui de savoir) soient exclus... Par contre, un maître d'école qui bannit la soif de connaissances s'est manifestement trompé de métier, il aurait sans doute mieux fait de se faire curé ;-)<br /> <br /> Il avait raison le turbulent Jacques, les enfants nous font fichtrement évoluer, pour peu qu'on les accompagne sans les juger.<br /> <br /> Je vous souhaite une semaine aussi bonne, curieuse et inattendue que le fut mon dimanche :-)
M
Edifiantes et poignantes, ces vies dont on a contrarié le parcours. Mais il y a aussi ceux qui ont pu faire ce qu'ils voulaient mais qui ont été déçus par la vie quand même, quelle loterie injuste!
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L
Drôle de loterie que la vie. Dans la distribution des cartes, combien de maldonnes?
B
Le silence, j'en ai besoin autour de moi, j'ai besoin d' harmonie, de douceurs, de joies simples.<br /> Les silences qui viennent du fond de soi, pierres lourdes à traîner, petite boule d'angoisse qui accompagne les jours, il me semble qu'ils viennent de si loin, quand maman n'était pas là et que je m'endormais alors dans le désert du manque. J'étais pourtant entourée par mes grands -parents attentifs et aimants mais là,en l'écrivant, un petit coup au coeur, une cicatrice toujours douloureuse . Les séparations, l'absence, des mots qui résonneront toujours avec une intensité douloureuse. Je ne juge pas mes parents,ils n'avaient pas le choix et je sais qu' ils en ont beaucoup souffert même si leurs mots restaient toujours plein de pudeur. On ne disait pas "je t'aime, je vous aime ..", <br /> Les mots apaisent et le silence qui m'entoure devient alors un " doux pansement "<br /> Merci Baladine, j'aurai encore tant à écrire !
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L
Tant de douleur en quelques phrases simples et poignantes. Merci à toi.<br /> Ecris tant que tu veux, ici si tu veux, l'espace est ouvert.<br /> ♥<br />
B
Quels jolis témoignages je viens de lire et quel article remuant, je suis venue hier et je me suis creusé un peu l'esprit pour trouver quelque chose de joli à te raconter , je n'ai rien d'autre que le bonheur d'avoir pu traverser cette période non bénie pour moi grâce aux livres et à mon imagination , "la petite fille aux allumettes d'Andersen" m'a beaucoup fait rêver ....Il en faut du temps pour guérir de son enfance mais j'y arrive Baladine , j'y arrive ....Belle journée de printemps à vous tous, un printemps réconfortant et léger ....
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L
Merci d'avoir posé ces mots pudiques et touchants.<br /> <br /> Je t'embrasse, tendre dimanche
L
perso j'ai fait quelques conneries que je ne regrette pas. Comme par exemple tout plaquer à 18 ans et partir plus d'un an en communauté
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L
Partir, s'éloigner, on ne fait rien de mieux. Les oiseaux sont faits pour quitter le nid.((la communauté, un autre nid?)))<br /> :-)
M
Je sais que l'on peut avoir des enfances très douloureuses et même dramatiques, chez nous mes parents étaient sévères, nous étions cinq, ils nous aimaient beaucoup mais ils avaient fort à faire, il y a eu la guerre et des départs et des complications, des séparations, la clandestinité, notre maison vidée, les souvenirs volés par l'occupant, la résistance, mon père absent, tous on se cachait, on ne posait pas de questions, on changeait de nom, c'était le silence, ça ne se faisait pas de questionner, surtout quand on faisait partie des "petits", ils nous protégeaient, mais vraiment je ne me plains pas, me parents m'ont appris la droiture, la force, le courage et même si rien ni si nul n'est parfait je les en remercie, et puis j'étais une taiseuse, et je gardais beaucoup de choses pour moi, ensuite dans l'adolescence j'ai eu besoin de ma part de liberté et d'originalité, parce que "les autres" ne vous comprennent pas forcèment, ensuite l'écriture a été une vraie thérapie et encore aujourd'hui !<br /> Merci la Baladine<br /> Marine
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L
Merci pour ce témoignage. Il est toujours difficile d'imaginer le contexte de guerre quand on a la chance de ne pas l'avoir connu. Enfance et guerre, il y a quelque chose d'antinomique dans ces termes...<br /> Bise touchée
C
Dans mon enfance, je devais effectivement me taire, ne pas parler à table, ne surtout pas déranger!<br /> Je suis entrée dans le grand taire, qui a commencé à trois ans, quand j'ai été séparée de mes parents sans aucune explication pour partir au grand air (grand taire!)pendant 6 mois au moins<br /> Je raconte tout cela dans mon livre "L'enfant à l'endroit, l'enfant à l'envers"<br /> <br /> Ton billet est super bien écrit, je me reconnais dans pas mal de bouts de description...
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L
"Le grand taire", une expression clairement parlante, toute ironie mise à part! <br /> <br /> Je vais me procurer ton livre, sur lequel j'ai lu beaucoup de bonnes choses :-)<br /> <br /> Merci...
A
Quel texte passionnant! Et les commentaires tout autant!<br /> J'aurais bien eu quelque chose à dire à chaque fois, mais je ne l'ai pas fait, j'ai continué à lire, à savourer. Oui, je suis une curieuse, une curieuse qui s'intéresse..<br /> Je vais répondre à ta question: <br /> "Tu n'as qu'un droit, celui de te taire", voilà ce que disait mon père, et je le faisais très bien, j'étais une enfant docile :-)<br /> <br /> Et toi? On t'a fait taire?
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L
"Tu n'as qu'un droit, celui de te taire", où comment museler et mutiler la singularité.<br /> <br /> Je suis éparpillée dans le texte... :-)
J
C'est bien joli cette capacité d'écoute, l'idée que les parents sont là pour nous aider à réaliser nos rêves ... Mes parents et ceux de mes amis n'étaient pas de ceux là, l'épanouissement de l'enfant, on ne connaissait pas; Nos parents travaillaient tout le temps et on trouvait ça normal. <br /> Et nous n'avons pas été à l'écoute, en permanence, pour nos enfants; Manque de temps et d'envie aussi parfois. C'est épuisant de les suivre, ils changent sans arrêt d'avis, sont influençables.<br /> Il faut passer la tempête de l'adolescence et après, on les aide dans le parcours qu'ils choisissent.
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L
Bien sûr, si c'était facile d'élever des enfants, ça se saurait! S'il y avait une recette toute faite, la même pour tous, je présume que ça en arrangerait beaucoup... Ce serait pourtant bien moins passionnant, et assez triste, tous ces gens pareils les uns aux autres, bien lissés, bien rangés...<br /> <br /> Tu dis "nous n'avons pas été à l'écoute en permanence"... Mais qui peut prétendre l'avoir été?
X
Qui suis-je?<br /> Ce n'est pas mon métier qui te "répondra". Je suis un "manuel" et de temps en temps, je me débrouille avec les mots, que j'ai découverts, enfin, leur pouvoir, à l'âge de vingt cinq ans.<br /> Je suis un peu "ours" en apparence, une protection.<br /> Je suis né dans le cantal, dans la maison familiale.<br /> Je suis à peine plus jeune que toi et je fais ce que je sais faire pour traverser la vie.<br /> Je ne fais pas taire mes silences, car ce sont eux qui m'ont animés toute ma vie. Pour combler un vide, un manque, rechercher une reconnaissance, j'ai passé beaucoup de temps à m'activer, à faire, à fabriquer, à construire. C'est devenu un carburant.J'aime m'offrir le luxe de ne rien faire, d'utile ou de constructif.<br /> Ce que je voulais faire ou être, quand j'étais petit ?<br /> Moi, je voulais être grand, directement. On écoute jamais les petits. Les grands, les adultes, les parents n'entendaient pas ce que je voulais dire.<br /> C'est peut-être pour cela que j'ai quitté la ferme familiale à dix-sept ans.<br /> L'indépendance, l'autonomie," être libre" fut difficile aussi.<br /> L'apprentissage de la débrouillardise, de l'autonomie, de ne savoir compter que sur soi m'a permis, me permet de traverser la vie d'une pas trop mauvaise façon.<br /> L'enfance ?<br /> Malgré des "égratignures" l'enfance fut heureuse, un peu à l'image de la guerre des boutons d'Yves Robert. Notre campagne était un terrain de jeu formidable. Pas ou peu de contrainte, si ce n'est le travail de la ferme dès le plus jeune âge. Nous passions des journées entières à l'extérieur, seule obligation, rentrer pour la soupe ! Des bêtises ? Oui. Des engueulades ? Oui. Des punitions ? Jamais. Jamais un coup, une gifle, un coup de pied au c.. ! Il est de nombreuses fois, où l' on en menait pas large !
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L
Merci d'être revenu pour toutes ces précisions touchantes.<br /> Bise émue
X
Désolé si je donne l'impression que d'être un "manuel" est un défaut. Je ne me sens pas "inférieur" et je suis fier de ce que je fais, de ce que j'ai construit de mes mains, de ce que j'ai pensé cent fois dans ma tête.<br /> <br /> Aucune opposition entre les mots et les mains. j'admire celles et ceux qui manient les mots, j'aurai aimé savoir, mieux, autant qu'un "non-manuel" peut admirer quelqu'un qui sait faire, de ses mains.<br /> D'ailleurs, j'écris tous mes commentaires, ou presque, à la main, à l'ancienne, avec un stylographe sur du papier.<br /> J'ai même appris à écrire, dans mon école communale, à l'encre et à la plume, avec le précieux papier buvard.<br /> <br /> "Ours", pas "nounours" ! Je suis un peu "ours", dans le sens d' un peu bourru, beaucoup moins, maintenant.<br /> <br /> "On écoute jamais les petits", c'est vrai ! des fois que les petits disent de saines vérités pleines de bon sens, pas agréable à entendre pour les adultes.<br /> La société qui les façonne sur un modèle de compétition ?<br /> Notre vie, nous a préservé du modèle de compétition. C'est sûrement pour cette raison que dès le plus jeune âge, j'ai exécré le football, ce" modèle" de sport, de vie, où le jeu du plus grand nombre porte aux nues deux ou trois "privilégiés" qui ne le méritent pas.<br /> Ce qui m'a le plus dérangé et qui va te faire "bondir", c'est cette vieille tradition patriarcale qui voulait,qui veut que ce soit l'aîné des garçons, même s'il n'est pas l'aîné de la famille, qui "hérite" de "privilèges", comme celui d'être écouté, que ses paroles soient considérées comme "paroles d'évangile", qu'il a toujours raison, ou presque. Et cela, par ma maman.<br /> C'était taire les mots, ou montrer que l'on était capable de faire mieux.<br /> Heureux hommes ! C'est vrai, je n'ai pas, ni mes frères et sœurs, le moindre souvenir, ne serait-ce que d'une tirée d'oreille.<br /> Ma sœurs E..... s'en chargeait...<br /> <br /> C'est vrai, je suis conscient du cadeau, de l'héritage de mes parents. Celui d'être capable appréhender le monde !<br /> Même si nous l'avons appris d'une bien "drôle" de façon...<br /> Mais là, c'est trop intime.<br /> <br /> Je n'aime pas me raconter, mais là, ça était plus fort que moi.<br /> <br /> Bises Auvergnates
L
Ah Xoulec! C'est chouette quand tu te racontes un peu!<br /> <br /> Tu dis que tu es un manuel comme si c'était un défaut, ou une moindre chose, et tu fais la distinction entre la main et les mots. Sais-tu qu'Aristote disait quelque chose comme " la main est le prolongement de la raison et de l'intelligence"? Et Paul Valéry d'ajouter "La main: organe du possible et de la certitude positive" et aussi "L"esprit commence et finit... au bout des doigts". :-)<br /> Quand je lis "ours", je lis "nounours" ;-)<br /> <br /> On n'écoute jamais les petits, dis-tu, et c'est justement ce sur quoi je m'interroge, ce sur quoi j'interroge.. pourquoi n'écoute-t-on pas les petits? Pourquoi fait-on taire toute cette vitalité, ce naturel, cette empathie innée? "les enfants sont cruels", entend-on souvent... Mais n'est-ce pas plutôt la société qui les modèle et les façonne dès le plus jeune âge sur un modèle compétitif qui leur apprend la cruauté?<br /> Voilà ce sur quoi je m'interroge, ce sur quoi j'interroge.<br /> <br /> Ton enfance a été austère, rude et joyeuse, de ce que j'en lis, mais elle t'a construit. Elle t'a donné des désirs et des envies qui n'appartenaient qu'à toi. Sans un coup, heureux homme! Ces coups si humiliants qui sapent la confiance! <br /> <br /> Tu es parti tôt parce que tu t'en sentais capable, et c'est peut-être le plus beau cadeau que t'auront fait tes parents. Ils t'ont mis au monde, au sens propre du terme, ils t'ont rendu capable d'affronter le monde. Ça ne rend pas la suite plus facile évidemment, mais si les choses étaient simples, elles perdraient tant de leur valeur, non?<br /> <br /> Gros bisou<br /> <br /> (((s'offrir le luxe de ne rien faire d'utile, est une chose des plus utiles pour son bien-être, sa liberté intérieure, et quand on est bien à l'intérieur de soi, ça rejaillit autour de soi)))<br />
P
Comment retrouver le fil ?<br /> <br /> J'avais commencé par la réponse à la question : ce que je voulais faire plus tard. J'ai toujours oscillé entre le écrire des histoires ou des livres (cela variait selon les âges) et l'enseignement (mauvaise idée, au bout du compte)... <br /> <br /> J'ai eu de bons parents, même si j'avais une mère perpétuelle endeuillée... Et un père excellent (mais avec son caractère) qui essayait de compenser les chutes de cette mère endeuillée... Et pourtant dévouée (qui m'emmenait tous les après-midi de vacances à "la plaine de jeux") - avec son éternel tricot. Alors qu'elle aimait lire. <br /> <br /> Toutefois, elle s'éloigne dans le temps (elle est décédée en 2001, cela fait dix-sept ans de vie autonome... Souvent solitaire, mais autonome). Au fait, j'étais dans la situation de la petite soeur de Bleck, avec un frère de sept ans mon aîné, mais protecteur parfois et parfois agacé. Et prenant beaucoup de place. Et nous avions aussi une 2CV, au début.<br /> <br /> Finalement, les hommes que j'ai connus ont plus fait pour saper ma confiance en moi que mes parents... Bien entendu, sauf si je me pose la question du pourquoi j'ai choisi ces hommes-là. Artistes professionnels, les deux premiers ont superbement ignoré mes dons en dessin, le troisième a admiré, puis a subtilement dévalorisé... Puis moins subtilement, comme si c'était une seconde nature chez eux.<br /> <br /> Par contre, j'ai une amie qui partage ma passion de l'art et nous sommes en accord total sur ce plan-là. Même si on a des caractères différents. <br /> <br /> Je me pose souvent des questions sur Freud, je n'ai jamais beaucoup mordu au complexe d'Oedipe, toutefois, il a sans doute eu le mérite d'exister à l'époque où il existait. Aujourd'hui, c'est un peu différent. Il me semble... Bon, j'ai déjà été assez longue et j'aurais dû développer des points de mon commentaire d'un article précédent dans un article... Ouh là là, cela fait beaucoup tout ça...
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L
Chère Pivoine<br /> Plusieurs choses m'interpellent "dix-sept ans de vie autonome" depuis le décès de ta maman... ça laisse entendre une relation fusionnelle, mais je peux mal interpréter.<br /> <br /> Un frère nettement plus âgé qui prend beaucoup de place, je connais; on me disait que je faisais la pluie et le beau temps dans la maison (parce que je tentais sans relâche de m'affirmer) mais c'était pour lui qu'on s'inquiétait. C'est toujours pour lui qu'on s'inquiète, d'ailleurs, même aujourd'hui.<br /> <br /> La confiance en soi... vaste sujet... comment avoir confiance en soi si nos parents n'ont pas confiance en nous? Tu poses et éludes la question dans la même phrase. Oui je pense que tout ça mérite un développement. Ton commentaire est troublant... désordonné, comme bouleversé, mais je crois comprendre que tu as dû le refaire... Tu sais que tu peux développer ici tant que tu veux si tu le veux, tu es bienvenue, tu peux reprendre tous les points que tu veux sur tous les articles que tu veux...<br /> <br /> Je t'embrasse.
P
Zut, internet m'a effacé tout mon commentaire ..........
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L
Merci à toi Pivoine. <br /> Tu dis "malgré les aventures hasardeuses et la solitude", mais c'est peut-être "grâce"... quand on a que soi, et qu'on arrive à ses fins, on comprend que tout est en soi, on connait ses forces, on sait qu'elles sont immenses, et généreuses...<br /> <br /> :-)
P
Merci Baladine. C'est aussi que je commente depuis un smartphone... tapoter avec un doigt ne facilite pas la cohérence de l'écriture... <br /> <br /> C'est que, comment dire? Se rendre compte qu'on a conduit sa vie durant une quinzaine d'années sans en référer ni à un mari ni à une mère... mais en ayant quand même un père, un frère un fils et une meilleure amie, c'est curieux.<br /> <br /> Se dire que je suis arrivée à réaliser mes buts de toujours... tant bien que mal et malgré tout... malgré les aventures hasardeuses et la solitude. <br /> Je pense aussi à mon fils qui a mieux conquis son autonomie sans son père (au loin) et j'ai tendance à encourager l'indépendance.<br /> .. <br /> <br /> Pour la confiance en soi, j'ai tendance aussi à accuser tout un système éducatif qui ne favorisait souvent que certains élèves... selon des critères différents selon les types d'enseignement...
E
pas facile d'être un enfant, pas facile d'être un parent, pas facile d'être un humain. "à l’une de ses patientes qui lui demandait comment être une bonne mère, Freud aurait répondu : « Quoi que vous fassiez, vous ferez mal. » En un sens, le père de la psychanalyse avait raison : il n’est pas un parent qui échappe aux reproches de son enfant.(http://www.psychologies.com/Famille/Relations-familiales/Parents/Articles-et-Dossiers/Accepter-ses-parents/Tous-les-parents-sont-ils-coupables)
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L
Bonjour Emma!<br /> <br /> Je connais cette petite phrase du docteur Freud( avec qui je ne suis pas vraiment copine, vu son rapport à la féminité) ;-). Elle est faite pour déculpabiliser les parents, ok. Mais qui donc s'occupe de déculpabiliser les enfants? <br /> <br /> Reste qu'il ne s'agit pas pour moi d'accabler les parents, et de dire "tous coupables". D'autant qu'ils ont été eux-mêmes ces enfants qu'on a fait taire...<br /> Il s'agit plutôt de se demander si, en matière d'éducation, on est capable de regarder les souffrances éducatives dont on a été victime afin de ne pas les reproduire; de se demander pourquoi la société continue à faire pression sur la volonté des enfants pour la briser, avec pour but essentiel d'en faire des êtres dociles et obéissants. <br /> Ce système qui associe systématiquement réflexion et punition au détriment de la création, entre nous soit dit, ne me parait pas ce qu'il y a de mieux pour aboutir à des individus aptes à l'exercice de la démocratie, par exemple et si je veux aller au bout du bout...<br /> <br /> Cette idée qu'on fait du mal aux enfants pour leur bien, quand même ça gêne aux entournures, non?<br /> <br /> (((pfff, ça fait deux fois que je corrige cette réponse, et je trouve encore des bourdes. Parfois, je m'agace moi-même)))<br />
P
Je ne me souviens pas qu'on me disait de me taire, mais même si on m'écoutait on ne m'entendait pas. Alors j'ai fini par ne plus rien dire, à quoi bon... <br /> Mais je me souviens qu'il ne fallait pas répondre. <br /> Et je me souviens qu'on me disait "effrontée", mais ça c'était à l'école. Parce que je regardais les instits et les profs dans les yeux. Aujourd'hui il serait impoli de ne pas les regarder dans les yeux. Va comprendre...
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P
Si c'est très bien exprimé...
L
Le défaut d'écoute, oui, c'est récurrent, de même que la standardisation des mômes à l'école, tous pareils, avant il fallait se taire à tout prix, aujourd'hui gare à celui qui ne prend pas la parole, comme tu as raison! <br /> Pourtant, chercher à comprendre les enfants, à développer tout ce qu'ils ont d'ardeur, de curiosité, d'empathie naturelle, d'inventivité, de souffle vivant, d'audace, c'est quand même autrement plus passionnant que de cette espèce de "domestication" uniforme!
F
Oui on m'a pas fait taire... Violence psychologique, physique et sexuelle.<br /> Ma mère m'a fait taire, à la mort de mon père en me disant : "il y a des problèmes dans toutes les familles"...<br /> Alors du coup j'ai été laxiste avec mes enfants, aucune envie de reproduire le même schéma...<br /> Merci de nous donner la possibilité de nous exprimer.
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L
J'ai lu ton parcours, tant celui de ton enfance saccagée que celui de ta maladie... Je crois que souvent, les maladies sont des cris du corps qui alertent sur une détresse qui vient de loin, de l'enfance, des souffrances qui n'ont pas été entendues. On veut faire taire ces souvenirs, ces sentiments douloureux et un jour, le corps se retourne contre soi. Il n'en peut plus de contenir tout ça.<br /> Quoiqu'il en soit, tu as su éviter la répétition du comportement toxique qui t'avait été infligé. C'est bien, c'est mieux que bien, c'est magnifique. :-)
F
Le "pas" est en trop...
M
On a tous des silences d'enfance..On est différent à chaque saison de notre vie avec dans ses bagages tous les non-dits, les regrets de l'enfance, de l'adolescence et même de l'âge adulte...C'est parfois lourd à porter.
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L
"des silences d'enfance..." Pourtant l'enfance est par essence l'âge de la vitalité, du naturel, de la créativité, l'enfant est essentiellement vivant! Je me demande alors, pourquoi vouloir lisser, étouffer cette liberté, ce naturel, cette vie jaillissante? Par répétition de ce qu'on a appris soi-même en tant qu'enfant?
A
J'aurais voulu être un artiste eueueueueu !<br /> J'ai travaillé à 17 ans à l'époque (les 30 glorieuses) c'était l'usine ou l'usine !<br /> J'exécrais l'école, j'y étais nul, un cancre n'ayons pas peur des mots, bavard! Voilà les annotations auxquelles j'avais droit.<br /> Nous avons deux vies Baladine, l'enfance et tout le reste ! L'enfance devrait commencer à la fin de notre vie... Afin de ne pas la rater ! ];-D
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L
C'est curieux tu as l'air de considérer que tu es responsable de ton enfance... de ton exécration de l'école, ton "échec"? Mais si c'était l'école qui avait échoué à t'intéresser tout simplement? Qui n'avait pas admis ta diversité? Célestine le dirait mieux que moi, mais il me semble que la mission essentielle de l'école est ou devrait être le développement de chaque individualité dans la diversité, par le raisonnement, la créativité, et le sens critique... Pas du tout le genre "en rang par deux et je coupe toutes les têtes qui dépassent", plutôt le genre à encourager le développement des différences, des curiosités, et à donner envie de faire de son mieux...<br /> Mais il faut bien avouer qu'aujourd'hui comme hier, on rencontre plus de profs qui te font des cours tellement glacés qu'ils ont tôt fait de te dégoûter d'apprendre pour plusieurs générations...
B
Mon enfance, un délice. J'ai été enfant punique et puis est arrivée une petite soeur alors que j'avais 7 ans (je n'ai éprouvé aucune jalousie ni aucun plaisir à partager mes bonheurs)<br /> A la maison j'avais tous les droits et surtout le droit de parler et de poser des question auquels mes parents se faisaient un plaisir de tenter de répondre il est clair que j'étais un enfant sage et carrément privilégié Maman était ce qu'on appelait une "femme au foyer" mes parents s'aimaient et ça se voyait, milieu ouvrier Gaulliste, pratiquement pas de racisme à la maison, on chantait dans la 2 cv familiale, pas de voyages, on riait beaucoup je m'aperçois d'ailleurs que je n'ai jamais autant ri qu'avec mon père avec qui ça percutait de suite (je n'ai pas ce rapport là avec mes 2 fils)<br /> Je crois que j'ai vécu une enfance absolument formidable.<br /> <br /> (c'est grâce à mon père si aujourd'hui je signe Bleck)<br /> <br /> Bleck
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L
Merci d'être revenu éclairer ma lanterne! <br /> <br /> Je comprends bien tout ça... J'imagine que tu as développé d'autres complicités avec tes fils. Ce qui vous reliait ton père et toi semble assez unique, et vous était particulier. Ce devait être bien! Oui, Blek le Roc, il me semble avoir lu ça quelque part, ça me revient!<br /> Bon, j'ai bien compris le "pratiquement pas", et je considère aussi la gentillesse (celle que beaucoup considèrent comme naïve ou bébête), comme une immense qualité, mais maintenant je bloque sur le "un petit peu raciste", j'avoue que ça m'interpelle, mais ça doit venir de moi. . :-p <br /> En tout cas merci pour ta franchise sans fard, c'est aussi une qualité qu'on ne rencontre pas si fréquemment :-)<br />
B
Superbe lapsus, en effet.<br /> "aucun plaisir à partager" Corine et moi ne nous sommes rencontrés qu'à l'âge adultes, auparavant trop de différence d'âge, j'ai grandi en fils unique et j'ai adoré ça.<br /> "pratiquement pas de racisme" Je n'ai pas le souvenir d'un geste ou d'une parole déplacée vis à vis d'un étranger ou de quelqu'un de différent de la part de mes parents, ils étaient tolérants et fondamentalement gentils au sens naïf du terme (naïf est pour moi une qualité) J'ai donc noté "pratiquement pas" parce qu'il est tout à fait possible que j'embellisse mes souvenirs, par ailleurs je me considère comme un petit peu raciste, et seulement un petit peu...<br /> "Je n'ai pas ce rapport avec mes deux fils" C'est simple, au risque de me répéter, je n'ai par réussi a développer cette complicité humoristique qui existait entre mon père et moi, c'était incroyable il suffisait d'un mot ou d'une expression du visage de l'un et de l'autre et on partait en déconne à table dans la rue, jamais je n'ai ri comme avec mon paternel.<br /> René, mon vieux papa me rapportait "Les aventures de Blek le Roc" le jeudi soir en rentrant de l'arsenal... cette toute petite bd m'a marqué à jamais.<br /> Une autre question, un éclaircissement, quelque chose que j'aurais omis ?<br /> <br /> Bleck
L
Ton lapsus d'enfant punique est délicieux :-D (au passage, apprends que pour ajouter des comm aux comm, il faut cliquer sur le "répondre" qui est face à ton nom/pseudo, juste à droite et non sous le commentaire que tu as laissé, je sais, cet espace bloggesque n'a aucune logique, mais il est ainsi fait)<br /> <br /> 3 choses m'interpellent: "aucun plaisir à partager"<br /> "pratiquement pas de racisme" et "je n'ai pas ce rapport avec mes fils"... Je sais, je suis curieuse... mais je suis tendre :-)<br /> <br /> Et puis tu ne peux pas me laisser comme ça sur ma faim: pourquoi Bleck?
L
J'imagine qu'on a tous des souvenirs plus ou moins heureux. Mon père a toujours vécu son statut d'immigré, comme ayant un seul et unique droit "celui de se taire". On ne devait pas faire de remous, ni se faire remarquer, de peur qu'on lui reproche le fait de venir d'un autre pays. Donc, oui il était question de se taire et de montrer patte blanche. Oui, il a été exigeant, voulant pour nous le meilleur afin que nous n'ayons pas à vivre ce qu'il a vécu. Mais je ne peux pas dire que j'ai été malheureuse. J'ai vécu une enfance casse-cou, dehors, dans les arbres, puis une adolescence parsemée d'histoires...
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L
Je n'ai pas compté mes silences, car je continue d'être silencieuse. J'avais un monde à moi, magique... et je pense que je continue à le faire vivre.
L
C'est troublant, la question te parle à toi, de toi, et tu parles de ton père... Mais Toi? Toutes ces questions que tu poses au fil de tes billets elliptiques, sur le fil de tes histoires... dans le secret de ton adolescence sans cesse retrouvée, revisitée... Tu as compté tes silences?
B
Bon... vais me prendre un café !<br /> <br /> Bleck
B
"enfant punique" faute absolument essstraordinaire, relis-toi Ducon !<br /> <br /> Bleck
M
Je me souviens des meilleurs moments de mes parents parce qu'ils me manquent tant, j'oublie les manques, je suppose qu'en tant que parents on fait des erreurs, qui n'en fait pas ? Autrefois on ne donnait pas trop son avis...C'est bien triste de ne pas ressentir l'amour de ses proches et leur bienveillance...
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L
Bien sûr, personne n'est parfait (heureusement, car qu'y-a-t'il de plus terrifiant que la perfection?) et comme je le dis à Dédé juste en-dessous, il ne s'agit pas de porter un quelconque jugement, mais de se questionner: est-ce que j'ai pu poser de vraies questions, avoir de vraies réponses quand j'étais petite, et comment ai-je fait avec mes propres enfants? <br /> C'est presque au-delà de l'amour... c'est en dehors des codes sociétaux. Une histoire de respect total de l'individu, dès qu'il est enfant. Si tu as eu cette bienveillance fondamentale, qui n'exclut pas les maladresses, tu m'en vois heureuse. C'est une grande chance. :-)
D
Coucou Madame. J'ai tu plein de choses quand j'étais petite et parfois, pour ne pas inquiéter mes parents, je me rongeais les sangs toute seule, je faisais des insomnies et je m'angoissais. J'ai gardé cette propension à l'angoisse encore maintenant mais je ne veux pas en vouloir à mes parents de l'éducation que j'ai reçue. J'essaie de comprendre pourquoi c'était ainsi et je m'affranchis peu à peu des contraintes. Mais le chemin est long et il faut cravacher pour trouver son vrai moi. Merci pour ta plume sensible. Bises alpines et belle suite de semaine.
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L
Coucou toi la sensible. Il n'entre pas dans mon propos de porter des jugements, ou d'inciter à en porter, je pense que tu l'as compris. Je suis heureuse de voir que tu te poses les vraies questions, et que tu cherches les réponses. Que tu te donnes une chance d'être heureuse, en étant vraiment toi, avec du vrai du fond de toi. Que tu oses le dire, à moi et à celzéceux qui vont passer par là et te lire. Parce que c'est toujours passionnant, quand quelqu'un amène sa sincérité absolue. <br /> Je t'embrasse. ♥
A
Oh merci de me tendre le divan du psy, mais non, sans façon !<br /> A la question "Qui êtes vous?", plutôt que de répondre par une étiquette professionnelle ou par un coup d'oeil dans le rétro , je réponds tout simplement "Je suis imparfait, libre et heureux". C'est simple, concis, efficace et ... rend toute nouvelle introspection inutile en garantissant une parfaite équanimité :)
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L
Psy, moi? Non... J'essaie juste de partir à la rencontre de chacun, de chacune... J'essaie de rencontrer des individus, des vrais, avec leurs vraies identités... C'est si précieux, nos identités :-)<br /> <br />
P
Ce texte et les réflexions que tu soulèves me touchent fortement. Je ne sais pas si je répondrai ici à ta question, qui ouvre tout un univers ou passé et présent s'articulent, parce que c'est finalement très personnel (dans le sens singulier... mais aussi d'assez intime). Je reviendrai et j'aviserai ;)<br /> <br /> La question que moi je rêve de poser aux gens, c'est celle-ci : « qu'est-ce qui vous fait rêver ? »<br /> Mais je ne la pose pratiquement jamais ;)
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L
Tu sais, mes questions, je les pose avec tendresse, ces questions, je les suspends, et chacun peut les attraper, ou pas. Il n'y a jamais rien d'obligatoire, mais je sais que tu le sais... <br /> Mais il me semble que quand on ose dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas, ses histoires de vies en sourdine, ses chagrins inutiles, ses désespoirs cachés, ses identités qui s'interdisent d'exister, ses élans tendres que l'on retient pour ne pas déranger, quand on ose, donc, certes on se fait peur dans l'instant, mais qu'est-ce qu'on risque au fond, sinon peut-être, retrouver l'espoir, le désir d'avancer en affirmant qui on est vraiment, du fin fond de soi, et le seul pouvoir qui tienne: le pouvoir sur soi-même...<br /> <br /> Elle est très bonne, ta question...
C
Non, moi, je ne me taisais pas. Mais on ne m'écoutait pas.<br /> Pourquoi écouteraient-ils leurs enfants, ceux qui n'ont pas appris à s'écouter eux-mêmes ?<br /> Mais le malentendu est sans doute le socle de toutes les relations humaines, et le silence à combler, la source de toutes nos paroles.
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L
Etre "invitée" à se taire, ou ne pas être écoutée, est-ce que ça ne revient pas un peu au même? Dans les deux cas on fait fi des besoins propres, de la volonté de l'enfant, de ses sentiments. Il lui faut se conformer, se plier.<br /> Et je pense que tu touches du doigt une vérité quand tu dis que les adultes n'ont pas appris... Ce qu'on a exigé d'eux sans leur demander leur avis, ils vont aussi l'exiger de leurs enfants, ignorant leurs vrais sentiments comme les leurs ont été ignorés; persuadés qu'ils font pour le mieux. <br /> Je ne sais pas si c'est inhérent à la nature humaine... On peut aussi remettre le socle en question, ouvrir les yeux sur la vérité. Et s'en trouver mieux.
J
Bonjour Baladine,<br /> <br /> Je commente peu chez toi, car souvent, ta plume, pleine de sensibilité, de questionnements, me touchent en plein cœur et me parle...<br /> <br /> Merci pour ce très joli texte.
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L
Encore une fois merci Ju'Lyn pour ce très beau compliment. Je ne commente pas toujours non plus, même sur des blogs que je suis fidèlement. On ne peut pas toujours avoir un avis sur tout, des mots à poser sur tout. Des textes éveillent une réflexion, d'autres non. Et je préfère l'absence de commentaire à une complaisance imposée ;-) C'est à mon sens ce qui fait à la fois la vérité et la sincérité des blogs, la liberté des lecteurs, tout autant que de leurs auteurs.<br /> Bise amicalement libre<br /> <br />
N
On m'a toujours dit qu'il fallait se taire pour éviter les problèmes, qu'une fille bien élevée ne répond ni à ses parents, ni aux autres adultes, ni aux provocations dans la rue, etc. Après, il fallait faire avec ça pour se faire entendre dans une société qui ne pardonne rien. Bonne semaine!
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L
C'est vrai, ça tend à s'effacer dans bien des pays, ça persiste encore dans d'autres, le fait de naître fille ajoute au problème...<br /> Bonne semaine à toi :-)