Histoires de vie, et de vies...
19 Février 2020
Une commune est comme un vaisseau. Il lui faut un capitaine, un second, et un équipage. Le second, j'en parlais ici. J'aurais pu reprendre le même titre qu'alors, et pourtant les deux hommes sont loin d'être interchangeables, tant par leur rôle que leur personnalité. Complémentaires. Dans le respect, l'estime réciproques. La fidélité, la loyauté. Et aujourd'hui, c'est le capitaine qui s'apprête à rester à quai.
Moins omniprésent que le second, il aura pourtant été, six mandats durant, l'âme du navire. Un homme de cœur, et de parole. Un érudit, amoureux des arts, sans vanité, calme, contemplatif et inspiré, droit. Un humaniste, au sens littéral du terme, attentif aux demandes, attaché à la dimension sociale de sa mission. Cultivant la discrétion jusqu'au secret, ainsi qu'un sens de l'humour finement narquois. Sourd aux rumeurs, imperméable aux attaques. Un élégant, un solitaire qui a le sens de l'amitié, d'une grâce et d'une séduction redoutables. Il a le charisme qui signe les grands, les flamboyants. Et c'est bien cette brillance qu'il a donné à la ville, sans tapage et en veillant à préserver son authenticité, sans entrer dans une concurrence stérile avec la ville voisine, jouant plutôt là encore la complémentarité.
A bord des navires, autrefois, le temps se comptait avec un sablier. Les hommes de quart étaient chargés à tour de rôle de veiller au mouvement du sable, retournant l'instrument à l'instant exact, de jour comme de nuit, ni trop tôt, ni trop tard, puisque c'est de l'écoulement du temps que se déduisait la position du vaisseau. La confiance que chacun plaçait dans ces hommes étaient absolue. Si l'un d'entre eux négligeait sa mission, par paresse, pour abréger le quart, par inconscience, ou pire, par trahison, le navire et chaque personne à bord se trouvaient exposés aux plus grands dangers. Or, de perdu en mer à péri en mer...
Les vaisseaux les plus sûrs sont ceux dont chacun des membres de l'équipage a librement choisi et voulu sa mission, par désir et passion des voyages réussis. Sans cette harmonie, cette absolu de cohésion et de confiance, le plus majestueux navire n'est jamais qu'une galère qui fait route incertaine, moins par la force du vent que par celle du fouet.
Nous sommes tous sur le même bateau. Et c'est un vaisseau fragile que le nôtre si chacun n'y fait pas sa part... Le capitaine, le second, l'équipage, les passagers, nous sommes tous sur le même bateau.
Il faut y penser, le nouveau chapitre qui va s'ouvrir pour la ville doit s'inscrire dans la continuité, en portant haut les valeurs qui ont fait d'elle ce qu'elle est aujourd'hui.
Lors de l'émouvante cérémonie au cours de laquelle les agents municipaux ont rendu hommage à Christian Cardon, leur patron, celui-ci n'a pas manqué de le rappeler, et il n'est de plus belle conclusion : "La nouvelle équipe qui prendra le pouvoir devra travailler dans la meilleure entente avec l'équipe municipale, en étant à l'écoute de ses conseils, et en la traitant bien. C'est primordial pour que la vie à Trouville reste toujours aussi belle."
Merci, monsieur Cardon, pour la flamboyance, pour la superbe. Que la suite vous soit belle. Très.
Crédit photo: Daniel Simon
Athée, laïque, féministe assurée et romantique assumée, universaliste, républicaine, rieuse et mélancolique, résolument positive dans un monde dépressif, agitatrice de cervelle, gratteuse infatigable du vernis des humains pour voir ce qu'il y a dessous...
"Je ne fais effort ni pour qu'on m'aime ni pour qu'on me suive. J'écris pour que chacun fasse son compte." Jean Giono
Voir le profil de La Baladine sur le portail Overblog