Histoires de vie, et de vies...
19 Décembre 2016
Si près de Noël, on se doit d'être léger, non? Non.
Je ne vais pas pouvoir être légère, ça ne va pas m'être possible.
Ecrire des phrases rondes et douces et lumineuses, ça ne va pas être possible.
Pas maintenant. Pas tout de suite. Pas en ce mois décembre ni doux ni tendre, ni beau. Un décembre qui sent l'enfance broyée, pas vécue, la femme étouffée, le travailleur pauvre humilié. Parce que quand la guerre est là, quand le mépris de classe est là, quand l'injustice est là, il n'y a plus enfants, ni femmes, ni hommes pauvres mais dignes, il n'y a plus que des victimes, ou des survivants remettant leur enfance, leur féminité, leur dignité à plus tard.
Les enfants, filles et garçons, ce sont des marmots, des mômes, des mouflets des gamins des poulbots des pitchouns des lardons des loupiots des galopins des polissons, ce sont des bombes de vie... pas des lambeaux de chair éparpillés dans les ruines, pas des petits corps flasques sur une plage turque, pas des petits mendiants qui errent entre les voitures porte Maillot, pas des pantins décharnés en Ethiopie, au Yémen ou en Haïti.
Les femmes ce sont des îles, des oiseaux qui dansent des hanches et déploient des ailes qui portent, qui abritent, qui consolent, et qui s'en vont vivre leur vie comme une succession de vols libres, pas des poupées qu'on habille ou déshabille pour mieux les exhiber, qu'on harcèle, qu'on viole, qu'on marie de force, et qu'on voudrait obliger à porter des enfants même quand elles n'en veulent pas.
Les travailleurs sont des hommes et des femmes qui vivent non pas en automates mais en décideurs, qui gagnent de quoi vivre sans pour autant s'enrichir, quand l'essentiel est de vivre sa vie comme une mélodie qu'on interprète, quand polir une planche est aussi affaire d'esthète, quand servir des clients fait plaisir parce que ça leur plait, quand le cultivateur n'est pas un bouseux qui empoisonne la terre mais un pourvoyeur de nourriture noble et nécessaire, quand chacun regarde l'autre au fond des yeux en conscience et sans envie de lui marcher dessus.
Mais partout des interdits des injonctions des restrictions des lois iniques, des simulacres de procès, du copinage entre nantis, des intermédiaires tous plus laids les uns que les autres, des clans, des coteries, des ruffians, des maquereaux, des dictateurs et des gens qui les lèchent entre les orteils, et leurs victimes...
La laideur de ce monde où rien ne va plus, c'est intolérable, et j'en ai jusque là... de mon impuissance.
Alors...
"...Je veux bien essayer,
Et je veux bien y croire,
Mais je suis fatiguée,
Et le soleil est noir,
Pardon de vous le dire,
Mais je reviens, ce soir,
Le coeur égratigné,
Et c'est le désespoir..."
Athée, laïque, féministe assurée et romantique assumée, universaliste, républicaine, rieuse et mélancolique, résolument positive dans un monde dépressif, agitatrice de cervelle, gratteuse infatigable du vernis des humains pour voir ce qu'il y a dessous...
"Je ne fais effort ni pour qu'on m'aime ni pour qu'on me suive. J'écris pour que chacun fasse son compte." Jean Giono
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