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Histoires de vie, et de vies...

Le soleil noir

Le soleil noir

Si près de Noël, on se doit d'être léger, non? Non.

Je ne vais pas pouvoir être légère, ça ne va pas m'être possible.

Ecrire des phrases rondes et douces et lumineuses, ça ne va pas être possible.

Pas maintenant. Pas tout de suite. Pas en ce mois décembre ni doux ni tendre, ni beau. Un décembre qui sent l'enfance broyée, pas vécue, la femme étouffée, le travailleur pauvre humilié. Parce que quand la guerre est là, quand le mépris de classe est là, quand l'injustice est là, il n'y a plus enfants, ni femmes, ni hommes pauvres mais dignes, il n'y a plus que des victimes, ou des survivants remettant leur enfance, leur féminité, leur dignité à plus tard.

Les enfants, filles et garçons, ce sont des marmots, des mômes, des mouflets des gamins des poulbots des pitchouns des lardons des loupiots des galopins des polissons, ce sont des bombes de vie... pas des lambeaux de chair éparpillés dans les ruines, pas des petits corps flasques sur une plage turque, pas des petits mendiants qui errent entre les voitures porte Maillot, pas des pantins décharnés en Ethiopie, au Yémen ou en Haïti.

Les femmes ce sont des îles, des oiseaux qui dansent des hanches et déploient des ailes qui portent, qui abritent, qui consolent, et qui s'en vont  vivre leur vie comme une succession de vols libres, pas des poupées qu'on habille ou déshabille pour mieux les exhiber, qu'on harcèle, qu'on viole, qu'on marie de force, et qu'on voudrait obliger à porter des enfants même quand elles n'en veulent pas.

Les travailleurs sont des hommes et des femmes qui vivent non pas en automates mais en décideurs, qui gagnent de quoi vivre sans pour autant s'enrichir, quand l'essentiel est de vivre sa vie comme une mélodie qu'on interprète, quand polir une planche est aussi affaire d'esthète, quand servir des clients fait plaisir parce que ça leur plait, quand le cultivateur n'est pas un bouseux qui empoisonne la terre mais un pourvoyeur de nourriture noble et nécessaire, quand chacun regarde l'autre au fond des yeux en conscience et sans envie de lui marcher dessus.

Mais partout des interdits des injonctions des restrictions des lois iniques, des simulacres de procès, du copinage entre nantis, des intermédiaires tous plus laids les uns que les autres, des clans, des coteries, des ruffians, des maquereaux, des dictateurs et des gens qui les lèchent entre les orteils, et leurs victimes... 

La laideur de ce monde où rien ne va plus,  c'est intolérable, et j'en ai jusque là... de mon impuissance.

Alors...

"...Je veux bien essayer,
Et je veux bien y croire,
Mais je suis fatiguée,
Et le soleil est noir,
Pardon de vous le dire,
Mais je reviens, ce soir,
Le coeur égratigné,
Et c'est le désespoir..."

 

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À propos
La Baladine

Athée, laïque, féministe assurée et romantique assumée, universaliste, républicaine, rieuse et mélancolique, résolument positive dans un monde dépressif, agitatrice de cervelle, gratteuse infatigable du vernis des humains pour voir ce qu'il y a dessous... "Je ne fais effort ni pour qu'on m'aime ni pour qu'on me suive. J'écris pour que chacun fasse son compte." Jean Giono
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M
J'ai ré-écouté le soleil noir de Barbara, quelle chanson déchirante, merci
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L
:-)
M
Merci, j'aime tellement Barbara, depuis toujours, c'est difficile d'être légère et on le voudrait bien mais parfois on a du mal, beaucoup de mal, ton texte est très beau La baladine
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L
Oui, il ne s'agit pas de sentir coupable ou de chercher à culpabiliser... mais d'exprimer le découragement qui peut nous saisir parfois. Merci à toi.
M
Quand évoquer souffrances et injustices défoule autant que ça souligne les laideurs de ce monde, invite à la réflexion, à la tolérance, à s'ouvrir au monde! Un beau cadeau en somme
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L
Merci infiniment chère Mansfield, pour cette belle lecture qui réchauffe!
N
Ecrire encore, et encore... coûte que coûte, laisser se verser les fâcheux et se verser au vent de l'Ouest<br /> en confiance<br /> douce pensée :-)
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L
Nous nous sommes compris. Merci. :-)
L
Nous avons tous un soleil noir dans le cœur qui finit par nous désespérer. Nous sommes nombreux à nous demander : "quand les hommes changeront ils leur regard pour aller vers la lumière. Etant très fatiguée de voir ou d'entendre les malheurs, j'ai fini par me construire une bulle dans laquelle je peux entrer et sortir à ma guise car j'ai horreur d'être enfermée où les mots amour, bonheur, joie, rire, fantaisie et heureux ont souvent la première place. Comme on ne peut pas prendre toute la misère du monde sur ses épaules, donnons le meilleur de soi autour de nous, ce sera déjà un petit pas, une petite goutte de bien être qui, multipliés feront quelques heureux.
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L
Je t'envierai presque... pour un peu... Mais je suis incapable de sortir totalement du réel. Tant pis pour moi. :-p
L
Ici ou ailleurs et quelle que soit la période, la misère est présente parce que le coeur des hommes est avide.
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L
Il y a toujours des guerres quelque part dans le monde, tu as raison... C'est aussi ce qui désespère...
K
Attention "rebelle" en cours.<br /> Je n'ai jamais pu visionner Noël ou le jour de l'An comme une sinécure... Dès l'enfance, je suis entré dans la danse : pas de parent : l'amour, les bisous, les bras accueillant.<br /> Puis le regard des autres enfants : méprisants, haineux ; celui des adultes : hautains, inquisiteurs, condescendants...<br /> Ces fêtes imposées sous le joug de la famille, de l'unité... A vomir... J'en vomis encore... <br /> L'homme, la femme, l'enfant... des icônes créées pour lubrifier la magnificence des nantis...<br /> Je n'en suis pas.<br /> Je perçois clairement le dégoût de la Baladine.<br /> Bises légères.
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L
Ah le mal que font les blessures d'enfance, les inguérissables blessures d'enfance...<br /> Bises, du fond du ♥
A
Que reste-t-il à l'homme au cœur de la souffrance ?<br /> Que reste-t-il à la femme au cœur de la détresse ?<br /> peut-être une lueur essentielle même si elle prend l'apparence d'un soleil noir.<br /> Celle, celui qui a souffert connaît cette lueur, qu'il/elle laisse parfois transparaître<br /> Si on ne voit pas cela, alors oui «… et c'est le désespoir »<br /> l'espérance est un réalisme, parce qu'il y a toujours des Lumineuses dans les maisons.<br /> la tienne est-elle arrivée ?
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L
Ce soir ... :-D<br /> Oui, douleur indicible qu'on essaie d'exprimer, et qui n'empêche pas la vacillante et vaillante petite flamme, tapie au fond du regard, derrière la douleur, inaltérable petite flamme qui veut y croire!
C
J'aime bien la recette de l'Homme ^^<br /> Cela dit, il est magnifique ton cri du coeur. Il exprime ce que l'on peut éprouver d'impuissance rageuse ou de rage impuissante,mais après le constat, j'aime, pour ma modeste part, me dire que le malheur du monde n'a pas besoin d'être agrandi du mien. Alors je convoque la lumière au creux de mes mains et je souris en partant faire mon petit boulot de colibri.<br /> Douces pensées célestes<br /> ¸¸.•*¨*• ☆
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L
Et puis je trouve qu'il y a tricherie à parler de malheur avec talent, en poète, parce qu'on l'embellit. Et on finit par croire que c'est comme ça, que c'est la vie. Or le malheur, ce n'est jamais beau, et c'est le contraire de la vie.
L
Je ne crois pas ajouter du malheur en disant le monde tel qu'il va.
H
Tu ne vas pas avoir que des décembre noirs, il faudrait une révolution, nous n'avons que des hommes politiques mesquins.
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L
Mesquins, c'est le mot! Décembre va s'illuminer demain soir, quand ma Lumineuse sera à la maison! :-)
J
C'est dur ce billet. On se prend le malheur en pleine figure. Mais moi, ce matin, je n'ai pas envie de malheur. C'est égoïste de lui fermer la porte, de rester dans une bulle de confort mais j'ai la chance d'avoir encore le choix. Alors, je travaille, je regarde mon beau sapin, je joue avec ma petite fille ... Et je n'écoute pas Barbara. C'est de la musique de 'malheureux', comme disait ma fille quand elle était petite. Pourtant, j'adore Barbara.
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L
Je reviens une seconde: ce n'est pas le billet qui est dur, non. C'est le monde. Mais se lover dans sa bulle, surtout en ce moment, n'est pas si égoïste; tant qu'à vivre, il faut vivre le mieux possible! :-)
L
Je sais... J'avais besoin de le dire, ça ne libère pas (ça ne change rien) mais ça soulage. Ma Lumineuse fille arrive demain soir, et Noël va pouvoir commencer!<br /> Elle a aussi des morceaux très joyeux, Barbara! ;-)
L
On voit bien là l'esprit de Noël qui souffle...<br /> Bon, il souffle moins fort que les bombes mais chacun selon ses moyens.
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L
Je n'ai pas encore "fait" le sapin, il attend au frais, dans le jardin... :-)
U
Oups, merci de corriger "dirai" par "direz" dans la dernière phrase...
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L
T'inquiètes, j'avais compris...
B
Tes mots me touchent La Baladine. Tes mots sont une souffrance que tu as bien fait d'extérioriser. Nous sommes agressés de toute part, la violence est maîtresse des lieux car induite par tant d'injustice dans le monde. Tant que nous vivions sans informations directes et en boucle, nous n'imaginions pas autant de férocité et de délabrement du monde. Aujourd'hui nous sommes en permanence informé de tout, à la seconde près... Nous ne sommes pas préparés à absorber autant de nouvelles nauséabondes. Et le plus grave c'est que nous ne pouvons pas apporter une aide,en tant que citoyens avec nos dirigeants qui n'ont que leurs intérêts propres à gérer une fois élus. Voilà où le bas blesse, ne pouvoir rien apporter, hormis nos larmes et notre désolation. Alors ne t'intoxique pas La Baladine par tant de mauvaises nouvelles, mais ce que tu apportes , déjà autour de toi, comme bienfaits, pour ta famille, tes amis est déjà un acte honorable en souhaitant que chacun partout dans le monde, en fasse de même chez lui. je ne crois pas à la venue d'un Messie m^me si je n'ai jamais cru qu'il pouvait apporter quoique ce soit dans ce monde bordélique dont même l'ONU, que De Gaule appelait "ce machin", n'y pouvait rien aussi.<br /> Bien à toi La Baladine.
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L
Je sais, je fais comme la plupart d'entre nous, à mon petit niveau... Mais parfois, ça déborde. Tu l'as bien compris. Merci pour ça.
U
Oulà, un coup de blues noir de chez noir... Alors voila la prescription du docteur L'homme : d'abord interdiction totale de regarder le JT et autres trucs à infos du genre et ce pour le restant de l'année. Ensuite allumer toutes les loupiotes disponibles et s'envoyer une dose massive de lumière, mais alors à ras les rétines hein, et enfin, exsuder toutes ces pensées funestes dans un sauna à 85° pendant 20 minutes, suivi immédiatement d'une bonne plongée dans un bac à eau bien glacée. Le cas échéant, terminer le traitement par l'un ou l'autre jeu coquin au choix... :-) M'en dirai des nouvelles... :-)
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L
85° et eau glacée en alternance, j'ai peur que mon petit cœur ne résiste pas à pareil traitement... Mais je prends la prescription, elle me fait chaud là où il faut, peut-être même que je vais sauter direct au bas de l'ordonnance, à bien y penser ;-) <br /> Merci à toi. Vraiment.