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Histoires de vie, et de vies...

Féminin courage

 

Parfois, les femmes, on les dirait abonnées aux coups de marteau sur les doigts, aux coups de pied au cœur, aux ampoules à l'âme. Le plus souvent, elles pensent que c'est leur faute, et culpabilisent à mort; par-dessus le marché, elles en ressentent une forme de honte. Les femmes ont si vite fait d'être des tissus de honte et de culpabilité... Or, elles ont tort, la plupart du temps. D'une, la honte, c'est destructeur et inutile; quand on la sent poindre, il  faut l'écraser comme une punaise. De deux,  les vrais responsables ne se sentent jamais coupables. Comme par hasard!

Regardez Soline, brune, belle, peau mate et œil châtain, gentille comme pas permis, qui réussit dans son métier sans marcher sur personne. Soline, mariée, deux enfants, courait, toujours, tout le temps. Lui? Marié, deux enfants, le temps de rien, forcément, entre son boulot, son canapé, ses potes, sa moto. Du coup, ils se voyaient peu, le soir, quand il était là, et qu'elle rentrait du boulot, les mômes sous un bras, les courses sous l'autre. L'avantage, c'est qu'ils n'avaient jamais le temps de se disputer. Alors quand lui est parti, Soline n'a pas compris. Elle a pleuré, culpabilisé, et puis elle a continué à courir, entre boulot, enfants, courses, écoles, devoirs, audiences chez le juge, ménage, et même un vilain crabe auquel elle a fait face. C'est là qu'elle a compris. Compris qu'elle était, elle, à la hauteur, quand lui s'était révélé un sale con. Elle a souri, trouvé qu'il faisait beau, s'est fait des amis, rien qu'à elle, et aujourd'hui, elle aime un type bien. Vaillante.

Voyez Patty, cascade de boucles blondes, prunelles bleues, plaquée par son mari au milieu de sa deuxième grossesse. Ça fait des années qu'elle court, elle aussi, et quand elle arrive où elle doit se rendre, elle n'a jamais l'impression qu'elle y est vraiment. Elle se sent floue, sans confiance, mais bourrée de bonne volonté, elle essaie d'être quelqu'un de bien. En fait, elle l'est, mais elle n'arrive pas à s'en convaincre, et personne ne parvient à le lui faire entendre. Patty ne s'est jamais complètement remise du malotru de mari qui a blackboulé son devenir, et depuis, elle se débat. En espérant un jour tomber sur quelqu'un qui lui rendra sa confiance, alors qu'elle ne devrait la devoir qu'à elle-même. Mais elle essaie. Elle essaie. Obstinée.

Et puis Délia, belle, sourire ensoleillé, ensoleillant, souple et vivace comme une branche de saule, pétrie de doutes et d'humour, affamée de vie comme de nourriture, fine comme une virgule, mère poule de trois petits devenus grands, qui, après plusieurs rencontres explosives, galériennes, implosées, a fini par rencontrer celui qui a su prendre le cœur de sa vie sans en manger l'espace. Délia, c'est la clarté.

 

Féminin courage

Enfin Nanou, toute fine derrière ses mèches brunes, peut-être, sans doute la plus courageuse, qui élève son môme sans rien demander à personne. Nanou, tantôt en rires, tantôt en larmes, entre hauts très hauts et bas très bas, en tension permanente. Nanou qui court sa vie en dépit des chagrins de l'enfance tatoués sous la peau. Nanou qui parfois se sent se noyer doucement, avec le sentiment de cesser de devenir. Entre apnée et premier appel d'air. Nanou, féminin courage.

Photo : 20th century women

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À propos
La Baladine

Athée, laïque, féministe assurée et romantique assumée, universaliste, républicaine, rieuse et mélancolique, résolument positive dans un monde dépressif, agitatrice de cervelle, gratteuse infatigable du vernis des humains pour voir ce qu'il y a dessous... "Je ne fais effort ni pour qu'on m'aime ni pour qu'on me suive. J'écris pour que chacun fasse son compte." Jean Giono
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A
quel texte magnifique ! <br /> enfin, peut être que je dis ça parce que j'y ai reconnu beaucoup de femmes :-)<br /> dont la jeune femme que j'ai été, qui a mis un demi siècle à s'en sortir !
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L
Je ne te lisais pas encore quand je l'ai écrit, mais hier je n'ai pu m'empêcher d'y penser. C'est clair, tu es dedans ♥
L
Où ai-je essayé de faire croire que les garçons n'épluchaient pas les marguerites ? <br /> Où, hein ?<br /> Où ?<br /> Hmmm ?
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L
Je me demande...
P
Un sourire pour toi <br /> <br /> http://www.revolutionpermanente.fr/La-BD-d-Emma-sur-la-charge-mentale-l-epuisement-des-femmes-qui-doivent-penser-a-tout
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L
Ouiii! J'ai vu cette BD sur les réseaux sociaux, tellement joliment vraie! Merci!
H
Je ne suis pas persuadé que la honte soit une punaise à écraser... La honte est un rappel à soi, que l'on a franchis les limites de l'empathie pour verser dans l'égoïsme...<br /> Je trouve ces portraits de femmes un peu trop éclairés (obscurcissant le portrait des hommes).<br /> Les femmes sont aussi des monstres écœurants et dégoulinants d'égocentrisme et de mensonges.<br /> J'en ai croisé beaucoup...<br /> <br /> Le courage se fiche des genres. On peut honorer les unes et honorer les uns... Mais les dissocier ?...<br /> <br /> PS : Blogger a fait disparaître mon nouveau blog... décidément, il semble que je ne sois pas voué à devenir un blogpote.
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L
Relis mon texte, tu verras que sur 4 cas féminins, il n'y a que deux hommes incriminés. "Je trouve ces portraits de femmes un peu trop éclairés (obscurcissant le portrait des hommes)." "Le courage se fiche des genres. On peut honorer les unes et honorer les uns... Mais les dissocier ?..." Ce sont bien tes mots? Où ai-je déshonoré le genre masculin? Je n'ai aucun dédain envers toi, sinon tes commentaires n'apparaîtraient pas.<br /> Tant mieux pour ton blog, qu'il dure, qu'il dure!<br /> :-)<br />
H
Juste pour une "mise à jour"...<br /> Lorsque j'écris : "j'en ai croisé beaucoup"... cela ne se cantonne pas à une personne... Je ne fais donc d'un cas une généralité, et comme toi je décris des situations que je connais ; ainsi ton affirmation à mon encontre semble dédaigneuse...<br /> J'ai trouvé une solution pour mon blog.<br /> Bonne soirée
L
Contrairement à toi, je ne fais pas d'un cas une généralité. Je décris des situations que je connais. Et dire que beaucoup de femmes sont courageuses ne revient pas à dire que tous les hommes sont lâches, à moins d'user de raccourcis un peu faciles. Ce qui, me semble-t-il, n'a été le cas de personne ici.<br /> En ce qui concerne ton blog, j'imagine que Blogger a une plateforme d'aide...
M
Assumer, supporter tout et même pire, se laisser abaisser sachant qu'il faut tenir coute que coute, et puis un jour, le malotru parti voir ailleurs, après l'effondrement la vie reprend, et elle se dit il m'a rendu service, et le ciel devient plus clair malgré les galères...
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L
Ici aussi peut-être, après la pluie le beau temps... :-)
I
"Nanou, féminin courage." <3
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L
"Elle a comme une p'tite douleur dans l'regard<br /> Cette ombre qui rend les gens fréquentables"<br /> Ça me rappelle quelqu'un ;-)
C
De beaux portraits de femme. La culpabilité vient souvent avec la maternité, quelle mère ne s'est pas culpabilisée un jour en se demandant si elle était une «bonne mère» ?<br /> Toute une vie à se battre, c'est souvent cela le chemin des femmes. <br /> Heureusement, il y a plein d'hommes formidables !<br /> Bisous célestes<br /> ¸¸.•*¨*• ☆
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L
..."quelle mère ne s'est pas culpabilisée un jour en se demandant si elle était une «bonne mère» ?" Si tu demandes à Heure Bleue ou au Paladin, ils vont te dire :"la mienne" ;-)<br /> Reste que bien des femmes, mères ou pas, cherchent quelle faute mystérieuse elles auraient commise, à leur insu, chaque fois qu'elles se plantent quelque part...<br /> Je te rejoins, l'homme formidable n'est pas une fiction. La fiction, c'est la fusion. Quand on a compris ça, on est sauvée!<br /> Bisous qui disent que le bonheur est d'abord une histoire entre soi et soi ♥<br /> <br />
X
Autant de femmes,autant de portraits,tous différents,certains, poignant! Ton texte me fait penser à ces portraits-ci:<br /> http://www.alorsvoila.com/etretat-un-28-septembre
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L
Je connais (par l'intermédiaire de la Lumineuse) ce magnifique blog. Autant de femmes, autant de vies, autant de courages. :-)
J
Tellement difficile d'être une femme ! Mais difficile aussi pour les hommes. Bref, c'est difficile pour tout le monde. Peut être voulons nous un bonheur trop absolu qui n'existe pas
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L
Sommes-nous vraiment si difficiles?
B
Autant d'histoires différentes , autant de Femmes différentes , faire ce qu'on peut est notre définition et notre essence , les coups de marteaux c'est à cause d'Eve nous portons cette culpabilité depuis l'aube des Temps , je plaisante mais avec un fond de croyance , j'ai trois filles adultes à qui j'ai essayé de donner ce gout d'indépendance et de liberté ....On fait vraiment ce qu'on peut ...Tu as décrits de jolies histoires Baladine comme j'en ai connu au cours de mes Vies que j'ai du choisir libres faute d'"homme à la hauteur " ....Je ne regrette rien ....Merci , j'ai aimé ton texte , j'ai pu m'exprimer ....Bise de Femme
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L
Ah, tout ce bazar judéo-chrétien qu'on trimballe... Bise reconnaissante et solidaire :-)
L
Certaines sont comme ces "Mère Courage" de Brecht, d'autres sont de fieffées garces genre Manon Lescaut, d'autres encore des épouses aimantes et aimées.<br /> La variété est infinie.<br /> Et c'est très bien.<br /> Il se trouve que la variété des hommes n'est pas toujours faite d'une horde de bienveillance ni d'amants éperdus.<br /> Il y a des brutes.<br /> Hélas, les plus fortes des unes ne se trouvent pas face aux plus malveillants et leurs faiblesses, et les plus faibles ne se trouvent pas toujours dans les bras les plus accueillants et protecteurs.<br /> That's life...
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L
C'est pour ça qu'il faut faire de nos filles, ou petites filles, des êtres autonomes, indépendants, libres. Autant qu'on peut...
H
Toutes les femmes ne sont pas comme ça et c'est heureux, certaines sont même des monstres d'égoïsme, ma mère pour citer quelqu'un que j'ai connu.
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L
C'est clair! J'en connais aussi!
L
Tissus de honte et de culpabilité... voilà une définition qui sied à nombre d'entre nous. Nous qui avons vocation de distiller le bien autour nous, d'être compréhensives et patientes. Incapables de comprendre que tout ne peut pas fonctionner selon notre plan, nos efforts et qu'il y a toujours une faille.
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L
La perfection, le rôle d'une vie! On s'applique en plus, de peur de ne plus être aimée.
L
Moralité: on sacralise (qui ça, on, le patriarcat, la phallocratie, la peur de ce qu'on ne maîtrise pas?) la femme pour mieux la mettre sous cloche...
L
C'est la rançon qui fait qu'on veut faire des femmes un modèle.<br /> Regarde simplement la façon de parler de quelqu'un qui boit :<br /> "Un homme qui boit, c'est mal, mais alors une femme..."<br /> Apparemment les femmes ne peuvent être que parfaites.<br /> Est-ce un compliment, de l'admiration ou autre chose ?<br /> Je ne pense même pas que les hommes "ont le droit" d'être pleins de défaut, c'est seulement qu'ils ont plein de défauts.<br /> Alors que les femmes...<br /> Surtout ma mère et ma sœur, hein !<br /> Cette façon de considérer que les femmes doivent être Pénélope et ses devoirs mais surtout pas Méduse et ses pouvoirs m'a toujours semblé étrange.<br /> Surtout que je connais ma mère...
L
Mine de rien, tu mets le doigt sur un truc crucial, le regard des autres. A qui, sinon aux femmes, aux filles, apprend on ainsi à se définir au travers du regard des autres? Et c'est justement de ça qu'il leur faut se libérer, définitivement.
L
Yep!
L
On arrêterait donc de leur dire qu'il faut bien faire? On leur enseignerait à se battre pour leurs idéaux, sans crainte du regard des autres?
L
On devrait donner aux filles des leçons "d'inculpabilité" et de légèreté!