Histoires de vie, et de vies...
16 Mai 2017
Parfois, les femmes, on les dirait abonnées aux coups de marteau sur les doigts, aux coups de pied au cœur, aux ampoules à l'âme. Le plus souvent, elles pensent que c'est leur faute, et culpabilisent à mort; par-dessus le marché, elles en ressentent une forme de honte. Les femmes ont si vite fait d'être des tissus de honte et de culpabilité... Or, elles ont tort, la plupart du temps. D'une, la honte, c'est destructeur et inutile; quand on la sent poindre, il faut l'écraser comme une punaise. De deux, les vrais responsables ne se sentent jamais coupables. Comme par hasard!
Regardez Soline, brune, belle, peau mate et œil châtain, gentille comme pas permis, qui réussit dans son métier sans marcher sur personne. Soline, mariée, deux enfants, courait, toujours, tout le temps. Lui? Marié, deux enfants, le temps de rien, forcément, entre son boulot, son canapé, ses potes, sa moto. Du coup, ils se voyaient peu, le soir, quand il était là, et qu'elle rentrait du boulot, les mômes sous un bras, les courses sous l'autre. L'avantage, c'est qu'ils n'avaient jamais le temps de se disputer. Alors quand lui est parti, Soline n'a pas compris. Elle a pleuré, culpabilisé, et puis elle a continué à courir, entre boulot, enfants, courses, écoles, devoirs, audiences chez le juge, ménage, et même un vilain crabe auquel elle a fait face. C'est là qu'elle a compris. Compris qu'elle était, elle, à la hauteur, quand lui s'était révélé un sale con. Elle a souri, trouvé qu'il faisait beau, s'est fait des amis, rien qu'à elle, et aujourd'hui, elle aime un type bien. Vaillante.
Voyez Patty, cascade de boucles blondes, prunelles bleues, plaquée par son mari au milieu de sa deuxième grossesse. Ça fait des années qu'elle court, elle aussi, et quand elle arrive où elle doit se rendre, elle n'a jamais l'impression qu'elle y est vraiment. Elle se sent floue, sans confiance, mais bourrée de bonne volonté, elle essaie d'être quelqu'un de bien. En fait, elle l'est, mais elle n'arrive pas à s'en convaincre, et personne ne parvient à le lui faire entendre. Patty ne s'est jamais complètement remise du malotru de mari qui a blackboulé son devenir, et depuis, elle se débat. En espérant un jour tomber sur quelqu'un qui lui rendra sa confiance, alors qu'elle ne devrait la devoir qu'à elle-même. Mais elle essaie. Elle essaie. Obstinée.
Et puis Délia, belle, sourire ensoleillé, ensoleillant, souple et vivace comme une branche de saule, pétrie de doutes et d'humour, affamée de vie comme de nourriture, fine comme une virgule, mère poule de trois petits devenus grands, qui, après plusieurs rencontres explosives, galériennes, implosées, a fini par rencontrer celui qui a su prendre le cœur de sa vie sans en manger l'espace. Délia, c'est la clarté.
Enfin Nanou, toute fine derrière ses mèches brunes, peut-être, sans doute la plus courageuse, qui élève son môme sans rien demander à personne. Nanou, tantôt en rires, tantôt en larmes, entre hauts très hauts et bas très bas, en tension permanente. Nanou qui court sa vie en dépit des chagrins de l'enfance tatoués sous la peau. Nanou qui parfois se sent se noyer doucement, avec le sentiment de cesser de devenir. Entre apnée et premier appel d'air. Nanou, féminin courage.
Photo : 20th century women
Athée, laïque, féministe assurée et romantique assumée, universaliste, républicaine, rieuse et mélancolique, résolument positive dans un monde dépressif, agitatrice de cervelle, gratteuse infatigable du vernis des humains pour voir ce qu'il y a dessous...
"Je ne fais effort ni pour qu'on m'aime ni pour qu'on me suive. J'écris pour que chacun fasse son compte." Jean Giono
Voir le profil de La Baladine sur le portail Overblog