Histoires de vie, et de vies...
13 Novembre 2016
C'est l'histoire d'un homme malade d'une inguérissable enfance qui, au lieu de le construire, n'a cessé de le déliter.
Sa vie commence par une suite d'abandons. Mère et père mariés après sa conception, séparés avant sa naissance. Un nourrisson déposé chez une grand-mère, puis une nounou, à temps plein. Huit années durant. Huit années de relations épisodiques entre la mère et l'enfant, entre le père et l'enfant. Un weekend, une semaine de vacances, parfois plus, un mois, parfois moins, parfois rien.
C'est banal, c'est tragique. Juste un petit bout d'homme pas assez important pour qu'au moins un de ses deux parents lui consacre du temps quotidiennement. Notez bien que je n'ai pas dit tout son quotidien; mais ce que tout parent soucieux de l'épanouissement de son petit fait chaque jour, matin et soir, même si c'est au prix d'un course permanente. Elever un môme seul(e) n'est pas chose facile, tant il est vrai qu'en donnant la vie on donne un peu sa vie... Mais ce mouflet, lui, ne le mérite donc pas? Alors quoi? Pas assez gracieux? Pas assez remarquable? Pas assez aimable? C'est le doute installé au berceau. C'est Mozart qu'on assassine.
Et plus tard, ballotté entre mère et père, comment faire pour grandir, s'épanouir et se structurer quand l'une vous susurre onctueusement qu'on n'a qu'une seule mère, mais tous les pères qu'on veut, et que l'autre vous assène avec le ton pédant de celui qui condescend à vous délivrer un peu de son omniscience "ta mère est bête!"... C'est du poison dans les veines.
On ne bâtit pas sur des sables mouvants.
Ce môme-là va passer trente-trois ans de sa vie à tenter coûte que coûte de se faire aimer des autres, à défaut de pouvoir s'aimer lui-même, et se heurtera toujours au même mur.
Invariablement, on l'abandonne.
Dans son très joli, bien qu'assez noir, film My Old Lady (adapté de la pièce éponyme), Israël Horovitz fait dire à son personnage principal:"Si on veut tuer un gosse, on ne lui tire pas dessus, non, on ne fait rien, on se contente de rester à distance et de le regarder dépérir à force de consacrer sa pauvre vie à essayer de vous plaire, ou de vous déplaire. Et à un moment, le gosse, il se dit "il faut que j'arrête de faire ça!" Mais on n'y arrive pas! On se dit que toutes les autres personnes sont aimées sauf vous. C'est votre terrible secret..."
A suivre...
Athée, laïque, féministe assurée et romantique assumée, universaliste, républicaine, rieuse et mélancolique, résolument positive dans un monde dépressif, agitatrice de cervelle, gratteuse infatigable du vernis des humains pour voir ce qu'il y a dessous...
"Je ne fais effort ni pour qu'on m'aime ni pour qu'on me suive. J'écris pour que chacun fasse son compte." Jean Giono
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