Histoires de vie, et de vies...
20 Octobre 2017
Il n'est évidemment pas dans mes intentions de prétendre parler au nom de toutes les femmes, chacune étant par définition unique, de même que bien des hommes ne vont naturellement pas se reconnaître dans ce qui va suivre, et c'est heureux. Je tiens également à rappeler que oui, je sais, il y a aussi des femmes qui... bla bla bla, et oui, je sais aussi, tous les hommes ne sont pas... gna gna gna. Je sais, merci. Et de toute façon, ce n'est pas le sujet.
Tout commence par l'immonde affaire Weinstein. A supposer qu'on vive dans le même monde, j'imagine qu'elle ne vous a pas échappé. Je lis, pas vraiment sidérée, mais vraiment écœurée, en saluant le courage de celles qui osent parler; pensant à ce qu'elles vont entendre, ce qu'elles vont endurer encore, comme si ce n'était pas suffisant d'avoir dû se heurter à ce pourceau. Je repense à Strauss-Kahn, cet autre pourceau, à Polanski, Hamilton et tous les autres, à l'affrontement douloureux Rousseau/Angot, la première en larmes, mais déterminée, la seconde blême de colère, avec ce cri "On fait comme on peut!", odieuse vérité de celles que personne ne veut entendre, et qui se débrouillent, parce qu'il faut bien continuer à vivre. Si odieuse que beaucoup l'ont condamnée encore.
Mal de cœur...
Mais ça continue. Cantat en une des Inrocks. Non qu'il lui soit interdit de vivre, de composer et de chanter, mais sa gueule et ses états d'âme étalés en couverture d'un magazine, faisant fi de toute décence, ça m'indispose.
Cœur soulevé...
Et puis il y a eu la déferlante #BalanceTonPorc, suivie par la vague de fond #MeToo. Un tsunami de souffrances, d'humiliations, de larmes, de honte ravalée, de silence comme un poids, là, quelque part dans la poche avec un mouchoir dessus. Et non, elles ne confondent pas avec la drague, non, elles ne confondent pas avec le flirt. Elles affirment juste qu'elles ne sont pas des supports ambulants munis d'une paire de seins, une paire de fesses et une fente dont des hommes pourraient disposer à leur guise.
C'est dans la rue, dans les transports, au boulot, à la salle de sports, à la fac, c'est partout, dans tous les milieux. C'est aussi au sein de la famille. Ça commence jeune. Il faut se défendre, souvent. Sans blague, quelqu'un trouve ça normal, l'idée que dès l'âge de 13-14 ans les filles aient le sentiment de devoir s'équiper d'un bazooka mental sitôt qu'elles pointent le nez dehors? Comment ça, j'exagère un brin?
Je vais vous dire, si vous, vous n'en connaissez pas, ou si ça ne vous est jamais arrivé, et bien vous avez une foutue chance, je dirais même plus, si j'osais (j'ose vous pensez bien) vous avez le cul bordé de nouilles, oui, vraiment! Parmi mes connaissances, je n'ai pas assez de mes doigts pour les compter: attouchements, agressions, harcèlement menant à la démission, viols, féminicide. Oui, aussi. Parce que parfois, ça va jusque là. Doublé d'un infanticide en l'occurrence.
Evidemment, tout ne va pas basculer du jour au lendemain. Aucun hashtag, aucune loi ne vont débarrasser la société des conséquences du patriarcat et de la grivoiserie gauloise (la fameuse) du jour au lendemain. Mais il me semble qu'on tient quelque chose, certes l'ampleur du problème donne le vertige, mais l'ampleur de la mobilisation donne de l'espoir. Ça passe par un abaissement du seuil de tolérance, mais pas seulement. Il y va de la responsabilité de chacun.
Alors, s'il vous plait, laissez les filles, les femmes parler. Entendez-les. Ne minimisez pas. Pas de "y'a pas mort d'homme", "c'est pas si grave", "y'a autrement pire". Pire que quoi d'ailleurs, que 33 viols déclarés par jour? Pire qu'une femme qui meurt tous les 3 jours sous les coups de son compagnon? Pire que 95% des femmes qui ont perdu leur boulot pour avoir dénoncé leur employeur? Pire que toutes celles qu'on voudrait voir se taire, parce que leur vérité dérange?
Laissez les parler. Ne riez pas quand elles pleurent. Ecoutez-les. Dites à vos garçons que ça ne se fait pas. A vos filles qu'on n'a pas le droit de leur faire ça.
Parce que les filles, elles veulent juste que la vie soit belle, avoir du plaisir dans leurs activités, aimer et être aimées. Et elles tiennent à des trucs idiots, comme sortir en paix dans les rues, étudier tranquilles, partager pour de vrai les tâches ménagères, être payées autant que les hommes pour un même boulot, et disposer de leur corps en toute liberté. Dessiner leur vie.
Et parce que personnellement j'avais très envie d'entendre la voix d'un homme à ce sujet, je vous invite à lire ce texte formidable de Jean-Marc Proust
Athée, laïque, féministe assurée et romantique assumée, universaliste, républicaine, rieuse et mélancolique, résolument positive dans un monde dépressif, agitatrice de cervelle, gratteuse infatigable du vernis des humains pour voir ce qu'il y a dessous...
"Je ne fais effort ni pour qu'on m'aime ni pour qu'on me suive. J'écris pour que chacun fasse son compte." Jean Giono
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